Le mercredi 21 janvier je me suis rendu au Salon Professionnel Museum Connections qui, comme son nom l’indique, est entièrement dédié aux moyens de communication et de publicité qu’utilisent les musées du monde entier en 2016. 1ère surprise, si le titre du salon laisse sous-entendre qu’on parlera digital, la majorité des exposants du salon sont venus proposer des objets publicitaires de communication hors technologie numérique (produit dérivé culturel et de boutique). Une discussion avec un habitué du Salon m’apprend que l’événement fait justement peau neuve cette année en s’ouvrant précisément aux technologies numériques. À l’origine, le salon s’appelait Museum Expressions, voyons dans cette ouverture un signe des temps, un appel du pied aux entreprises qui développent les technologies d’avenir et qui font le musée d’aujourd’hui, … et feront celui de demain. D’ailleurs, les 2 espaces de conférences leur font la part belle, jugez-en vous même, en vrac les sujets d’intervention : –Immersion sensorielle & Robots au musée, Prix IK, –Les réseaux sociaux Zen : Comment s’oublier et mesurer ce qui est vraiment important ?, –Bornes photos interactives, outils de communication 2.0, –Et si vous pouviez tout connaître sur vos visiteurs ?, etc.

L'expérience After Dark présentée lors d'une conférence à Museum Connections 2016

L’expérience After Dark présentée lors d’une conférence à Museum Connections 2016. Photographie Alexey Moskvin, Tate Britain

Museum Connections, mercredi 20 janvier, l'accueil très "geek"

Museum Connections, mercredi 20 janvier, l’accueil très “geek”

Une journée c’est beaucoup, et en même temps pas assez, surtout que l’on se dit que la programmation des conférences est bien alléchante. Et cela d’autant plus lorsque les maîtres corbeaux chargés de diffuser la bonne parole sont les représentants d’institutions connues pour leur capacité d’innovation : Tate, Walker Art Museum, RMN/Grand Palais… Plutôt que de vous livrer un inventaire de ce que j’y ai vu, je vous parlerai dans ce billet de l’expérience interactive très emballante “After Dark” menée au sein de la Tate Modern Gallery. Puis, dans un second billet, je vous ferai part de ma rencontre avec Olivier Heu, Président de la société NEXT2U qui développe la technologie du beacon.

After Dark ?

Tony Guillan, Producteur d’arts visuels & multimedia et Tommaso Lanza, fondateur de The Workers sont venus partager une expérience incroyable : celle de réaliser un fantasme de nombreux afficionados de la Tate, à savoir visiter l’institution de nuit, aux commandes d’un robot se déplaçant dans les salles, piloté depuis son écran d’ordinateur ! ↓

After Dark at Tate Britain – Teaser from The Workers on Vimeo.

Durant 5 nuits, du 13 au 17 août 2015, l’équipe du studio The Workers a donc proposé aux élus heureux de visiter seuls, de nuit, 500 ans d’histoire de l’art britannique. Une prouesse technologique rendue possible par l’utilisation de robots développés en collaboration avec le Rutherford Appleton Laboratory (RAL) qui travaille sur de nombreux projets avec l’agence spatiale britannique (UKSA).  Les robots étaient équipés d’un appareil photo et de lumières sur mesure au niveau des yeux, avec la possibilité de regarder de haut en bas pour ne rien rater des œuvres d’art exposées. Grâce à l’utilisation des boutons à l’écran ou par simple utilisation des touches fléchées du clavier, leurs opérateurs pouvaient se tourner de 360 degrés et se déplacer dans le musée. Les robots pouvaient détecter des obstacles autour d’eux – utilisation de la technologie des ultrasons – et ils renvoyaient ces informations à l’opérateur, en l’aidant à naviguer dans les différentes galeries. Sensationnel non ? Pour avoir le privilège de conduire ces robots, il suffisait de se connecter depuis chez soi sur un site dédié : www.afterdark.io et d’en prendre le contrôle ! Le “manuel en ligne” explique gentiment (je dis gentiment parce que si j’avais été testeur, je me serais senti dans un état de fébrilité et d’excitation intense !) qu’il y a 4 robots en circulation et que le robot se laisse piloter quelques minutes par un “explorateur”, peu importe sa localisation géographique. Le robot, appelons-le Marty tiens, vous attend car il sait que vous l’avez “réservé” ! Lors de la prise en main de Marty, un livestream apparaît pour que chacun puisse commenter et interagir. Alors, concrètement, que pouvait-on voir ? ↓

After Dark Robots 2 from The Workers on Vimeo.

D’après nos orateurs du jour, After Dark a permis à 500 heureux de prendre le contrôle de Marty, 33.000 tweets ont été générés en 5 jours et 100.000 visiteurs se sont rendus sur le Livestream. Une question pour finir me taraude : et qu’ont-ils fait des données collectées des “livestreamers”? Bien, vous savez ce qu’il vous reste à faire : demander à votre musée préféré de vous offrir un tour avec Marty, en plein été, de nuit c’est plus romantique, pour l’arpenter comme si c’était la 1ère fois !

F.B.