Suite de ma sélection de la dernière grande génération d’artistes britanniques qui a éclos au début des années 90 grâce au mécène et collectionneur d’art Charles Saatchi. Communément appelés les YBA (Young Bristish Artists), ils apportèrent un souffle neuf sur le marché de l’art contemporain. Volontairement, je ne vous ai pas présenté Damien Hirst, l’enfant terrible de ce mouvement est la star la plus médiatisée de cette génération et qu’on aime détester… Bref, il n’a pas besoin que je parle de lui ! D’ailleurs, d’autres plus célèbres que moi s’en chargent, Michel Houellebecq par exemple, qui dans son roman La Carte et le Territoire met en scène Jed Martin, un artiste contemporain à succès qui réalise la toile Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l’art, la 65e et avant dernière toile de sa série sur les métiers simples ;-)). Bon, arrêtons ici les balivernes, focus sur 2 artistes de cette fameuse génération : Rachel Whiteread et Fiona Rae.

1- Rachel Whiteread est une artiste britannique née en 1963 à Londres. C’est la 1ère femme à remporter le Turner Prize délivré par la Tate Modern en 1993. Son domaine de prédilection est la sculpture et la gravure, et elle présente souvent les moulages d’espaces vides présents dans les objets de notre quotidien. Du coup, les oeuvres de Rachel Whiteread qui sont parfois des installations grandeur nature amène le spectateur à une réflexion sur l’objet et son environnement. Souvent ses réalisations sont empreintes d’une forte charge symbolique comme Holocaust Memorial réalisée en 2000. L’artiste s’est vue commandée un monument commémoratif de la Shoah, en plein centre de la Judenplatz de Vienne, en souvenir des 65.000 juifs autrichiens qui ont été tués entre 1938 et 1945 par les nazis. L’artiste y réalisa une “bibliothèque renversée” – . Il s’agit d’une sculpture grandeur nature, un bloc en béton, simple, en parallélépipède sur une base de pierre. Sur le socle sont gravés par ordre alphabétique les noms des camps de concentration. Les murs du bloc sont subdivisés en plusieurs sections selon un schéma précis et sophistiqué de grilles géométriques. Chaque sections représente des livres, une section est composée respectivement de 20 livres. Les livres sont rangés de manière inhabituelle. Ils sont à l’envers de sorte que le spectateur se retrouve nez à nez avec des pages. Rachel Whiteread ouvre la discussion : ces livres racontent-ils les vies enlevées et inabouties de milliers de juifs déportés dont l’histoire personnelle a pris tragiquement fin ? Ne faut-il pas y voir également une référence aux autodafés nazis ? Les 2 battants de la porte du monument sont clos, il n’y a pas de serrure, pas de gonds… En d’autres termes, il n’y a pas d’explication possible à une telle barbarie, ni de d’échappatoire au cauchemar de la déportation…. ↓

Monument (Nameless Library) from Nichola Bruce on Vimeo.

Rachel Whiteread, Holocaust, 2000. Monument commémoratif sur la Judenplatz de Vienne

Rachel Whiteread, Holocaust Memorial, 2000. Monument commémoratif sur la Judenplatz de Vienne

Rachel Whiteread, Holocaust Memorial

Rachel Whiteread, Holocaust Memorial

2- Fiona Rae : J’aime la peinture de Fiona Rae car j’aime les artistes qui prennent le risque de mélanger des couleurs parfois très fortes. Sa peinture est très stylisée aujourd’hui, une signature reconnaissable. Rae ne se cache pas d’ailleurs d’utiliser l’ordinateur pour ses compositions. On retrouve les univers techno et manga dans sa peinture actuelle. Mais je vous avoue être plus fan de ses débuts, très marqués par l’expressionnisme abstrait. Ceci dit, quand on aime comme moi Joan Mitchell (une rencontre heureuse avec les collections du Centre Pompidou), pas de surprise à aimer Rae ! ↓

Joan Mitchell, Closed Territory, 1973, oil on canvas, triptych, 280 cm x 560 cm, © Estate of Joan Mitchell, private collection, photo: Günter König

Joan Mitchell, Closed Territory, 1973, huile sur toile, tryptique, 280 cm x 560 cm, © Estate of Joan Mitchell, collection privée, photo: Günter König

Fiona Rae, Untitled (Green with circles), 1996

Fiona Rae, Untitled (Green with circles), 1996

Fiona Rae, The sun throws my sorrow away, 2012, Huile et acrylique

Fiona Rae, The sun throws my sorrow away, 2012, Huile et acrylique

Fiona Rae RA: “I’ve always had an experimental approach to painting” from Royal Academy of Arts on Vimeo.

F.B.