Fin de la peinture traditionnelle et arrivée de l’abstraction

Aujourd’hui, je vous propose un podcast de l’émission Les Regardeurs, diffusée sur France Culture le 28 mai 2017 et réalisée par  Jean de Loisy et Sandra Adam-Couralet. Son thème est consacré à l’abstraction, ou comment l’artiste, le peintre notamment, s’est arrêté de représenter le réel pour se tourner vers l’art non figuratif. Dans mes 2 billets en lien avec l’exposition Inventing Abstraction, 1910-1925que le MoMA organisa du 23 décembre 2012 au 15 avril 2013, je découvrais les acteurs de cette révolution artistique qui se cristallisa au début du siècle précédent.

L’émission de France Culture laisse la parole à Eric de Chassey pour son livre L’abstraction avec ou sans raisons (Gallimard). Il est commissaire d’exposition et surtout directeur de l’institut national de l’histoire de l’art. Spécialiste de l’abstraction, il se pose la question de savoir ce qui a amené les artistes à tenter une nouvelle aventure artistique, et à mettre ainsi fin à la représentation figurée sur une toile. Son propos est intéressant, car il répond à la question à la lumière d’autres éléments que ceux purement artistiques qui s’inscrivent dans l’histoire de l’art. Il amène ainsi des explications en lien avec le contexte historique – la fin des grandes utopies politiques -, l’histoire des sociétés, la spiritualité, la philosophie et l’architecture par exemple, qui ont abouti à l’abstraction et ses évolutions – de sa naissance dans les années 1910 à son évolution après la seconde guerre mondiale –  sur la scène internationale des arts visuels. Chose intéressante, il s’apprête notamment à publier un livre consacré à un moment, la fin des années 60, où les artistes  – internationalement – s’arrêtent de peindre, et reprennent leur pratique quelques années après (avec ou sans l’abstraction ?).

Mes découvertes

Passionné par l’abstraction parce qu’elle révèle une autre façon de voir et ressentir les choses, j’ai découvert, à travers des expositions, des artistes qui ont effectivement dans leur pratique adopté ce nouveau langage. Si vous suivez ce blog régulièrement, vous savez que j’ai une préférence particulière pour l’abstraction et la manière dont elle s’est développée dans l’Après-Guerre aux Etats-Unis…

J’ai notamment été marqué par 3 peintres américains qui, à cette période, ont effectivement renouvelé la peinture dite classique, preuve qu’il se passe alors quelque chose… Ce sont Cy Twombly – merci au Centre Pompidou pour la superbe rétrospective qui lui a été consacrée récemment !-, Joan Mitchell et Barnett Newman – découverts tous les 2 dans les collections du Centre Pompidou -. Mitchell et Newman sont traditionnellement associés au courant de l’expressionnisme abstrait. L’exposition Icônes américaines organisée par le Grand Palais du 8 avril 2015 au 22 juin 2015 présentait également de superbes œuvres d’artistes ayant emprunté une voie minimaliste, que ce soit en peinture ou en sculpture (Carl André, Donald Judd, Dan Flavin, Agnès Martin ou encore Ellsworth Kelly que j’adore !). ↓

Cy Twombly, Like A Fire That Consumes Alll Before It, 1978.

Cy Twombly, Like A Fire That Consumes Alll Before It, 1978. Gros plan. Magnifique toile puissante qui était exposée au Centre Pompidou à l’occasion de la rétrospective consacrée à l’artiste. Photo extraite du blog www.fabienribery.files.wordpress.com

 

Joan Mitchell, Chicago, 1966-1967, huile sur toile, triptyque, 259,08 x 485,14 cm, collection privée, Courtesy Joan Mitchell Foundation, © Estate Joan Mitchell

Joan Mitchell, Chicago, 1966-1967, huile sur toile, triptyque, 259,08 x 485,14 cm, collection privée, Courtesy Joan Mitchell Foundation, © Estate Joan Mitchell

 

Barnett Newman. Who's Afraid of Red, Yellow, and Blue IV

Barnett Newman. Who’s Afraid of Red, Yellow, and Blue IV, 1969-1970. Huile sur toile.

Eric de Chassey sur l’abstraction, à écouter en Podcast

Dans ce podcast, j’ai appris beaucoup de choses, en particulier sur le renouveau de la peinture abstraite pendant la seconde guerre mondiale (déjà!) et à son lendemain. Il renouvelle l’approche traditionnelle de l’histoire de l’art qui veut, pour caricaturer, que le centre névralgique de la création artistique se déplace, à partir de 1945, de l’Occident vers le Nouveau Monde, les Etats-Unis en l’occurrence, dans un duel Paris/New-York… 

Une des grandes préoccupations des plasticiens américains, dès la fin des années 50, qui s’érigent en représentants d’une nouvelle modernité, est de savoir comment se renouveler. Comment faire en effet après un Jackson Pollock – mort en 1956 – qui a fait “sauter” le canevas traditionnel de la peinture ? 

Le contexte historique de l’abstraction “plantée”, Eric de Chassey se penche sur la singulière figure du peintre américain Philip Guston, qui faisait d’ailleurs partie de l’exposition du Grand Palais en 2015, Icônes américaines. Lui aussi va se poser la question de poursuivre ou pas dans l’abstraction, devenue un courant majeur aux Etats-Unis. Le podcast ci-dessous, bonne écoute ;-))

F.B.