En 2005, l’un des artistes français contemporain les plus connus : Philippe Parreno, sollicite  l’artiste Douglas Gordon pour mener à bien un projet assez fantasque, dont ils avaient déjà parlé quelques années auparavant. Amateurs de football, les deux artistes ont pour idée commune de filmer, pendant une rencontre de football, Zinédine Zidane. Le projet se distingue dans la mesure où les caméras se focalisent exclusivement sur le joueur, créant une grande proximité physique avec celui-ci. Ainsi, pendant une rencontre de football du championnat espagnol – Z.Z. joue alors pour le Real Madrid -,  la star est filmée par dix-sept caméras. ↓

De Philippe Parreno, je vous avais déjà parlé, pour son projet No ghost, just a shell, co-réalisé avec Pierre Huygues. Du portrait filmé de Zinédine Zidane, j’avoue que je n’avais pas été emballé… à première vue. La volonté de vous parler  de cette oeuvre atypique vient du fait qu’elle se situe à contre-courant de l’orgie médiatique actuelle générée par la Coupe du Monde de Football. Je m’explique : dans notre société de l’image et des réseaux sociaux, on veut tout sentir, vibrer, de sorte que le match de football en lui-même, c’est à dire l’événement, est relayé au second plan. Il n’y a qu’à écouter les médias : les temps d’antenne consacrés à la compétition sont de loin inférieurs aux avants et après-matches soigneusement décortiqués par des «experts». Guy Debord, l’auteur de la Société du spectacle, ne renierait sans doute pas cette théorie… Le portrait cinématographique de Parreno et Gordon s’attarde exclusivement à suivre Zidane dans tous ses faits et gestes, bien loin des gesticulations médiatiques de la foule en délire. Le héros c’est le footballeur et non le public, propulsé aujourd’hui au rang d’animateur médiatique ↓

Axelle, supportrice belge devenue célèbre durant la Coupe du monde

Axelle, supportrice belge devenue célèbre durant la Coupe du monde 2014

Suivant Zinédine Zidane au plus près, Parreno et Gordon isolent complètement le footballeur du cirque médiatique des tribunes et des médias. Ces derniers ne sont pas totalement absents mais ils sont comme des bruits absorbés par la concentration du maestro français. Zidane caresse le ballon, la balle raisonne à chaque impact. Au final, le film livre une vision de la solitude ressentie par le footballeur sur le terrain. Nous sommes à mille lieux de l’expérience spectatrice du direct, largement agrémentée des commentaires télévisuels ou radiophoniques…  Je vous laisse juger l’expérience avec un extrait de dix minutes. ↓

 F.B.