Rencontre avec un couple galeriste passionnés d’art contemporain. Chrystel et Bruno Lajoinie nous font vivre leur passion. Rafraîchissant, communicatif et professionnel ! On y apprend plein de choses ! Si vous avez raté l’épisode précédent, c’est ici.

Art Design Tendance : Comment se nouent les contacts avec des artistes avec qui vous allez faire un bout de chemin ?                                                                                                Bruno Lajoinie : Permettez-moi d’évoquer notre rencontre avec Thibaut de Reimpré. Après tout, c’est avec elle que notre activité de galeriste d’art contemporain a débuté ! Nous avons acheté une de ses œuvre à une consœur d’Orléans en 1998. Alors que nous avions quitté sa galerie et que nous nous apprêtions à retrouver notre voiture, cette dame âgée nous a rejoint et a glissé dans ma main un papier sur lequel étaient portées les coordonnées de l’artiste. Est-ce parce que je lui avais dit que j’avais une galerie d’art classique à l’époque et que je rêvais d’ouvrir une galerie dédiée à l’art contemporain ? Toujours est-il qu’elle est malheureusement décédée trois mois après cette rencontre. Je considère qu’il s’est passé comme un passage de témoin entre nous. Quand j’ai appelé Thibaut de Reimpré trois ans plus tard – le temps de faire construire la grande galerie -, il m’a répondu : « J’attendais votre appel».                                                                                         Chrystel Lajoinie : Par la suite nous avons donné carte blanche à Thibaut pour faire venir à nous d’autres artistes, comme Michèle Destarac. Nous lui avons dit : « Tu invites qui tu veux ! » Il a choisi deux artistes abstraits comme lui : Michèle Destarac et Daniel Humair.                                                                                                                                                                 B.L. : Dans la plupart des cas, nous démarchons directement les artistes. Il peut aussi nous arriver, mais c’est très rare, de travailler avec des artistes qui nous ont contactés en nous adressant un  dossier de candidature. Nous refusons beaucoup d’artistes parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans la ligne éditoriale que nous défendons.

A.D.T. : Justement, quelle est cette ligne ?                                                                             B.L. : Longtemps, cette ligne a épousé l’abstraction, plus précisément l’abstraction lyrique. Mais depuis quelques années, nous avons « élargi » notre positionnement. Pour définir à grands traits ce qui trouve grâce à nos yeux aujourd’hui,  j’emploierais volontiers le terme d’élégance. Nous aimons les œuvres raffinées et racées en même temps. C’est ce qui fait que nous aimons depuis toujours un artiste comme Gérard Titus-Carmel par exemple. Fabrice Thomasseau que nous représentons de manière de plus en plus soutenue est le lien charnière entre la première génération d’artistes contemporains du Domaine et ce vers quoi nous évoluons maintenant. Fabrice fournit un travail figuratif en phase avec notre époque. Beaucoup des sujets d’interrogations qu’il soulève sont communs à d’autres artistes de sa génération.

A.D.T. : Comment s’organisent les galeries du Domaine Perdu ?                                      B.L. : Il y a deux galeries. La première, dans laquelle nous avons fait nos débuts, longtemps connue sous l’appellation de « petite galerie » et qui se nomme aujourd’hui la Galerie Chrystel Anthéo. Elle présente de l’art moderne, peintures et photographies, avec pour base principale les années 50 : Michel de Gallard, Marcel Mouly, Willy Ronis, Robert Doisneau…   La seconde galerie, consacrée pour sa part à l’art contemporain s’organise autour d’un axe peinture-sculpture. Elle accueille les artistes que nous représentons et dont j’ai parlé (Thibaut de Reimpré, Michèle Destarac, Olivier Marty, Fabrice Thomasseau…) et ceux qui rejoindront notre projet. Ces artistes ont comme particularité commune de travailler avec des supports classiques. Enfin, nous avons un projet d’extension pour palier à un manque logistique. Etant un peu éloigné de tout, nous souhaitons posséder une vraie réserve, pour montrer un maximum d’œuvres dans la configuration d’un show-room. Nous envisageons aussi de faire de cet endroit une résidence d’artistes. Nous y travaillons actuellement. Ce nouveau lieu qui abritera également un loft nous permettra de montrer des choses plus avant-gardistes. Ce sera en quelque sorte notre troisième galerie. Les travaux qui vont bientôt commencer devraient s’achever au printemps ou à l’été 2015.

A.D.T. : Est-ce difficile de trouver des jeunes artistes qui produisent de l’abstraction, beaucoup a déjà été fait autour de ce genre ?                                                                      B.L. : Effectivement, il y a moins d’artistes focalisés sur l’abstraction qu’il n’y en avait par le passé. Mais comme je l’expliquais précédemment, nous goûts actuels nous entraînent aussi vers la figuration, ce qui rend notre recherche plus aisée. Rajoutons que notre  tâche est facilitée par le retour, que nous observons depuis quelques années, à la peinture. Et c’est valable pour les jeunes gens qui sortent des Beaux-Arts.

Thibaut de Reimpré devant un de ses tableaux

Thibaut de Reimpré devant un de ses tableaux, Le Domaine Perdu 2010. Photo : Bruno Lajoinie

Thibaut de Reimpré, Sans titre, technique mixte sur papier marouflé sur toile, 150 x 150 cm, 2010

Thibaut de Reimpré, Sans titre, technique mixte sur papier marouflé sur toile, 150 x 150 cm, 2010

le Domaine Perdu, grande Galerie. Photo François Boutard

le Domaine Perdu, grande Galerie. Photo : François Boutard

A suivre…

F.B.