Voilà j’y suis, au pied du mur… En avançant dans l’écriture de ce blog, j’ai eu de plus en plus envie de partir à la rencontre des artistes. Car, après tout, ce sont eux qui font la matière de ce blog. Non pas des rencontres artistiques articulées autour d’une exposition, d’un vernissage ou d’une conférence. Non. De vraies rencontres physiques basées autour d’un échange entre le blogueur et le créatif. Echanger pour comprendre la (les) motivation(s) de ces êtres qui ont choisi une voie souvent considérée à tort comme improductive pour la société. Mais qu’est-ce qui justement les poussent à créer ? Comment arrivent-ils à concevoir leurs oeuvres ? Quels événements suffisent à déclencher l’acte créatif ? Peut-on aujourd’hui encore inventer, explorer de nouvelles formes d’expression artistique ? C’est avec en tête toutes ces questions que je démarre une série d’entretiens thématiques pour tenter de mettre à jour l’activité cérébrale de ces têtes pensantes. ↓

Andy Warhol for Neuroscientists by Valerie van Mulukom

Andy Warhol for Neuroscientists by Valerie van Mulukom

J‘ai le plaisir de démarrer cette série d’entretiens avec Cornélia Komili. Je connais Cornélia et son travail de peintre depuis quelques années maintenant. Cornélia m’a fait l’honneur de bien vouloir être la première artiste à témoigner dans cette nouvelle rubrique. De son engagement artistique initial au développement de ses idées créatrices, Cornélia parle avec passion de sa vocation…

Bonjour  Cornélia et merci d’accorder à Artdesigntendance cet entretien.                       Peux- tu, pour commencer, par nous dire comment tu es devenue artiste ?                       Cornélia Komili : J’ai décidé de devenir véritablement artiste à 18 ans. Après mon bac obtenu en Grèce je me suis inscrite à la Faculté des Beaux Arts, section Théâtre. Mais je me suis vite rendue compte qu’être actrice ne m’intéressait pas, même si le cinéma occupait une place importante dans ma vie. Dans le même temps, je pouvais observer les étudiants des Beaux Arts travailler dans leurs ateliers et j’étais jalouse ! J’ai alors compris que  c’était ma voie : peindre. Celà représentait un défi pour moi. J’avais compris que je pouvais facilement poursuivre des études théoriques. Mais le vrai défi que je souhaitais relever c’était de créer moi-même. Là le challenge à relever me semblait dur ! J’avais beucoup d’images mentales qui me hantaient. Pour les traduire, j’avais essayé d’écrire, et bien sur je dessinais déjà beaucoup, mais je manquais de confiance en moi…                                De la façon dont tu me dis les choses, j’ai l’impression que l’important, pour toi, était de voir si tu serais capable de créer ton «univers» ?                                                            C.K. : Oui, en effet. Quand tu fais l’acteur,  tu interprètes une oeuvre déjà créée. Moi, je souhaitais aller au-delà dans l’acte créatif. Et puis je faisais déjà de la photo depuis 2 années. Je travaillais pour être indépendante et j’avais du temps pour me promener avec ma Coccinelle dans la ville, mon appareil argentique en mains. J’ai décidé de suivre des cours de dessin pour préparer le concours d’admission aux Beaux Arts Grecs. Mais il était déjà trop tard, le niveau académique requis était trop exigeant. Du coup, j’ai tenté ma chance pour intégrer une Ecole des Beaux Arts en France.               A cette époque, avais-tu des références d’oeuvres artistiques ?                                    C.K. : Je n’avais aucune référence picturale, je ne connaissais pas la peinture. J’étais très infuencée par la bande dessinée – notamment la BD Tank Girl-, la culture cyberpunk et l’univers post-apocalyptique. Je lisais beaucoup de livres de science-fiction, notamment ceux de William Gibson. Au cinéma, un film comme Crash, de David Cronenberg, m’avait marqué car pour moi il s’agit d’une oeuvre ambiante qui combine à la fois la musique et les images. J’avais aussi le goût pour un cinéma plus intellectuel, mais ce n’était pas mon univers.                                                                        Quand as-tu commencé à peindre ?                                                                                   C.K. : Ca ne s’est pas fait rapidement, il m’a fallu comprendre certaines choses avant de peindre. Allant en France pour suivre un cursus artistique, j’ai démarré à l’Ecole des Beaux Arts d’Angoulême pour faire de la BD. Et là, je me suis aperçue que je n’étais pas prête à fournir tous les efforts nécessaires pour améliorer ma technique de dessin et créer un personnage par exemple, reconnaissable dans différentes positions. Je ne le voulais pas parce que ça ne m’intéressait pas de mettre en place des personnages et des histoires. Les paysages me motivaient beaucoup plus. Ce que je voulais, c’était résumer des ambiances dans une seule image. A partir de là, j’ai commencé à peindre.

Dans l'atelier de Cornelia Komili, pinceaux et couleurs

Dans l’atelier de Cornélia Komili, pinceaux et tubes de couleurs

 

A suivre… F.B.