Jon Rafman

Images extraites du film expérimental Remember Carthage.

« Remember Carthage est un film d’essai dans la lignée des documentaires expérimentaux réalisés par Chris Marker ou Harun Farocki. Remember Carthage emmène le spectateur dans un voyage épique à la recherche d’une station balnéaire abandonnée dans le désert du Sahara. Le voyage visuel se fait à travers des images provenant de jeux vidéo sur PS3 et du programme informatique en 3D Second Life, représentant des civilisations anciennes qui semblent à la fois familières et totalement fantastiques. Remember Carthage est un voyage à la première personne à travers une fantasia historique qui met en évidence l’art de la fiction et de l’exotisme qui existe aujourd’hui dans la culture des jeux vidéos et des mondes virtuels.

 

Le voyage commence sur le pont oscillant d’un navire dans des eaux sans nom et se poursuit à travers une myriade de paysages différents, des déserts arides aux intérieurs criards de ce qui semble être des palais persans, des salons d’accueil et chambres à coucher. Chaque scène entre en interaction avec les souvenirs mélancoliques du narrateur. Comme dans d’autres œuvres de Rafman, un sentiment d’aliénation et de solitude structure l’histoire, le narrateur cherchant un sens aux événements. Dans le même temps, il demeure dans l’incapacité de saisir ce qui est réel autour de lui. Dans Remember Carthage, les cinéastes soulignent à quel point les médias numériques rendent l’histoire à la fois totalement accessible à travers des images d’archives et, en même temps, totalement étrangère à nous. Ici, la quête du narrateur pour une ville abandonnée devient de plus en plus futile à mesure qu’il traverse un paysage où les marqueurs de l’époque et du lieu semblent souvent insaisissables. Et, au fur et à mesure que le voyage se poursuit, le héros de l’histoire devient incapable de distinguer les sites authentiques de répliques architecturales qui n’existent pas dans la réalité.

 

Le séquençage répétitif et circulaire du film, avec des lieux et des personnages récurrents, renforce le sentiment de perdition du protagoniste et renforce la logique du jeu vidéo – la mort et la résurrection en sont des marqueurs classiques -. Au final, on ne sait pas si le narrateur de Remember Carthage arrive à retrouver la ville perdue ; malgré des mouvements constants, il est pris dans un monde imaginaire et horizontal où sa quête finale s’éloigne progressivement… »

Traduction française depuis New Museum

→ Pour retrouver le billet original du 17 Février 2013 sur ilikethisart c’est ici.

→ Le film Remember Carthage ci-dessous ↓

Remember Carthage, 2013 from jonrafman on Vimeo.

 

Si vous êtes surpris par le brièveté de ce billet et son choix : je choisis, régulièrement, des billet issus du blog : iikethisart.net tenu par Jordan Tate (avec son autorisation), universitaire américain et artiste. Je n’ai jamais trouvé d’équivalent à ce blog qui explore des univers visuels que nous n’avons pas l’habitude de voir en Europe (à mon goût).

Pourquoi le choix de cet artiste ?

 
Et un autre billet sur l’artiste Thibault Brunet qui proposait une série de cliché basée sur le jeux Grand Theft Auto.
Si le sujet vous intéresse, la revue Artpress2 a consacré son numéro 28 (Février 2013) au phénomène des jeux vidéos. ↓
Couverture d'Artpress2 consacré aux Jeux Videos

Couverture d’Artpress2 consacré aux Jeux Vidéos

F.B.