Suite de mon interview avec l’équipe du projet ARTAGÓN.

Si vous avez raté le début de l’interview c’est ici.

Art Design Tendance : Comment se déroule chronologiquement l’événement ?

Keimis Henni : Tout d’abord, nous avons trouvé en Jean-Jacques Aillagon le président idéal de jury pour crédibiliser notre démarche. Il a adhéré au projet, convaincu du dynamisme porteur de cette compétition artistique et de sa nouveauté. C’est une personne qui n’hésite pas à soutenir les jeunes. Cet appui nous a permis de constituer le jury. Nous avons ensuite pris le parti de constituer le jury avec des personnalités du monde de l’art, mais aussi du cinéma, de la musique, du théâtre, de l’opéra ou encore de l’art culinaire. Les professionnels de l’art sont des commissaires, directeurs d’institution, galeristes, critiques d’art. Nous n’avons pas d’artistes dans le jury, mais ils seront à l’honneur l’année prochaine.

Jérémy Demester : Il était important d’avoir des visions autres que celles de professionnels de l’art contemporain, d’où l’appel lancé à des personnalités d’autres univers de la création pour constituer le jury. Cela permet d’installer un dialogue original entre le jury et les étudiants à l’occasion des sélections.

K.H. : Oui, effectivement, nous voulons porter un regard neuf sur l’art, ce qui est rendu possible justement par les personnalités du jury provenant de milieux créatifs différents. Les retours des étudiants pendant les périodes de sélection sont très positifs : ils ont pu confronter leur travail à des visions différentes. Les étudiants engagés dans un travail filmique par exemple, ont pu bénéficier du retour et des conseils de Luis Letao, producteur et réalisateur de films documentaires et à même de comprendre l’environnement  technique de leur projet.

A.D.T. : Comment s’est faite la sélection des écoles ?

Anna Labouze : Après la sélection du jury, ce fut l’étape la plus difficile à mettre en place. Nous avons démarché la plupart des écoles en France. Devant la nouveauté du projet, certains ont refusé, ce qui est normal. Nous avons parfois dû négocier pour les convaincre de participer.

A.D.T. : Ces refus vous ont-ils surpris ?

K.H. : Oui, parce qu’avec la qualité du jury, nous pensions pouvoir convaincre plus facilement. Beaucoup nous ont répondu qu’elles attendraient l’année prochaine pour y participer.

A.D.T : Quelles étaient les réticences ?

K.H. : La venue d’un jury prestigieux dans une école induit forcément un jugement sur l’établissement, cette peur-là a peut-être joué même si ce n’est aucunement notre rôle de juger la qualité d’un établissement d’enseignement artistique ! Ce sont les artistes et leurs œuvres qui nous intéressent.

Certaines écoles au contraire y ont vu l’opportunité de se faire connaître. Je pense par exemple à l’École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco qui est un jeune établissement. Le jury et nous avons ainsi découvert une école avec un très bon projet pédagogique professionnalisant. Nous espérons ainsi qu’ARTAGŌN amène  les écoles à mieux se connaître.

A.D.T. : Comment la sélection des étudiants au sein des écoles s’est-elle  effectuée ?

A.L. : Nous sommes passés par l’administration des écoles qui procédait à une première sélection. Les écoles ont globalement soutenu des élèves en fin de cursus (4 ème ou 5ème année).

K.H. : Nous pensons que les 3 premières années d’une école d’art sont consacrées à la formation et qu’il est juste de protéger les étudiants pendant cette période. Ils doivent « mûrir » leur personnalité artistique. ARTAGŌN s’adresse plus aux étudiants en dernières années d’école. Il faut une certaine maturité pour confronter son travail au regard du jury et affronter les professionnels qui viendront voir l’exposition !

A.D.T. : Comment se passe la sélection sur place dans les écoles ?

A.L. : Après la sélection des étudiants faite par les écoles, en général entre 15 et 20, un accrochage est organisé pour la venue du jury. 2 membres de de l’équipe d’ARTAGŌN accompagnés de 3 ou 4 jurés se déplacent dans l’exposition et consacrent un bon quart d’heure par étudiant. C’est avant tout un moment d’échange pour comprendre le sens du travail engagé, à mille lieux d’un jugement froid et cassant. Nous avons aussi eu la chance de déjeuner avec les directeurs d’école et les responsables pédagogiques pour apprendre à connaître les établissements.

A.D.T. : En somme, avant tout un échange constructif ?

K.H. : Oui tout à fait. Les échanges avec les étudiants sont sources de discussion entre les jurés eux-mêmes qui s’apportent mutuellement des connaissances, des références.

J.D. : On imagine mal l’importance du choix d’une école dans un cursus étudiant. Un étudiant a la possibilité en fin de 3 ème année d’intégrer une autre école, qui correspond mieux à son projet.  J’ai ainsi des amis qui ont fait de mauvais choix par manque d’informations. Notre compétition veut amener une rencontre et un échange entre établissements pour éviter, précisément, ce type d’échec.

K.H. : Toutes les écoles ont des accords internationaux qui permettent aux étudiants de se former à d’autres disciplines artistiques à l’étranger. Nous aimerions qu’ARTAGŌN permette aux écoles inscrites à la compétition de mieux se connaître et de construire un maximum de liens à l’échelle nationale ou européenne. On se rend également compte dans la sélection faite par le jury que chaque école à sa « patte ». À Limoges beaucoup de céramiques évidemment, à Monaco un gros travail sur la scénographie, sur des travaux de grandes dimensions liés à la taille des bâtiments de l’école qui le permet ! Mais encore faut-il le savoir, comme le faisait remarquer Jérémy !

A suivre…

Intérieur de la Villa Deshayes qui accueillera l'exposition

Intérieur de la Villa Deshayes qui accueillera l’exposition

F.B.