Ikea, une certaine idée du design démocratisé pour tous. Pour autant, avons-nous tous envie de vivre entouré des objets et du mobilier de la célèbre marque suédoise ? Car, à bien y regarder, l’univers Ikea est facilement reconnaissable, signe d’une certaine standardisation… Posons donc la question aujourd’hui, le design démocratique, ça existe ? ↓


Ikea, l’art de démocratiser le design scandinave pour tous ? Au risque d’aseptiser le produit ?

Démocratique : C’est l’utopie de tous les designers. Le Graal absolu. Offrir du beau pour tous. Le slogan scande tout le design du XXe siècle. Déjà en 1929, les fondateurs de l’Union des artistes modernes se regroupent autour de cet idéal d’œuvres accessibles. Pour cela, ils sont nombreux, comme Charlotte Perriand ou Eileen Gray, à explorer les possibilités du tube métallique. L’ambition des créateurs de ce groupe restera une utopie, de même que pour beaucoup de leurs successeurs. Dans les années 1950, les Eames aux Etats-Unis cherchent aussi à tester d’autres matériaux, comme le plastique, capable d’engendrer une production en grande série et à moindre coût. Dans les années 1980, Philippe Starck fait du «design démocratique» son leitmotiv. À la même période, Memphis rejette la petite série. Ses membres veulent produire en masse. Leur but n’est pas de proposer aux gens ce dont ils ont besoin, mais ce dont ils ont envie. Ce faisant, ils imposent un goût, une esthétique. Le design démocratique ne serait-il pas finalement dictatorial ? Offrir la même chose à chacun, c’est aussi imposer une notion de beau universel. «Je ne veux pas qu’on me dise où acheter, ce qui est beau, ce qui est confortable. Le design doit créer du choix et de la diversité. Un design démocratique ? C’est faux. Il peut rester où il est. Idéal, impossible à atteindre. Le design pour les masses relève désormais aussi de la dictature. Personne n’a envie de ça, d’une même chose pour tous», confie Konstantin Grcic dans son entretien avec Pierre Doze*. Le design est-il plus accessible aujourd’hui qu’hier ? Pas sûr si l’on observe les prix pratiqués par les fabricants. La Chaise Longue LC4 de Le Corbusier, Perriand et Jeanneret, créée en 1928, est certes éditée par Cassina en grande série, mais son prix reste élevé (2640 euros). Ce que l’on peut espérer, c’est que la production d’objets à usage domestique ait progressé. Entre Ikea et Cassina, le juste milieu reste à inventer.

 *Pierre Doze, Konstantin Grcic, collection «Design etc.», Archibooks, Paris, 2010.

Eileen Gray & Jean Badovici , Villa E 127 à Roquebrune-Cap-Martin.  Réalisation : 1926-1929.

Eileen Gray & Jean Badovici , Villa E 127 à Roquebrune-Cap-Martin. Réalisation : 1926-1929.

Eileen Gray, Fauteuil Bibendum, 1925

Eileen Gray, Fauteuil Bibendum, 1925

Konstantin Grcic, Champions Table, Edition Galerie Kreo

Konstantin Grcic, Champions Table, Edition Galerie Kreo. Photography Fabrice Gousset, courtesy of Galerie Kreo, sur www.dezeen.com

Konstantin Grcic, Champions Table, Edition Galerie Kreo. Photography Fabrice Gousset, courtesy of Galerie Kreo, depuis www.dezeen.com

Konstantin Grcic, Champions Table, Edition Galerie Kreo. Photography Fabrice Gousset, courtesy of Galerie Kreo, depuis www.dezeen.com

 

Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)) La définition est extraite de l’excellent livre : Les 101 Mots du design à l’usage de tous – Marion Vignal & Cédric Morisset, Archibooks.

F.B.