Moi j’aime la Belgique et plus encore ses habitants. Flamands ou wallons, je ne fais pas le tri. 2 années à Bruxelles m’ont permis (insuffisamment certes) mais quand même, de saisir cet esprit iconoclaste. Je vous avais rapporté une pincée de cet humour espiègle appliquée à l’art contemporain suite à ma première visite du MAC VAL, où les acrobaties et joutes verbales d’Eric Duyckaerts me régalèrent.

Autre cas, autre méthode, autre humour… flamand cette fois-ci. Jan Fabre né à Anvers en 1958 réalisa une performance inédite sur le vélodrome Georges-Préveral de Lyon, en plein Parc de la Tête d’Or. Intitulée à juste titre : Une tentative de ne pas battre le record du monde de l’heure établi par Eddy Merckx à Mexico en 1972 (ou comment rester un nain au pays des géants), le performeur flamand s’attaqua au record du monde de la spécialité un temps détenu par son illustre contemporain Eddy Merckx. Et celui-là le connaissez-vous vraiment ?

Légende de son temps, le cycliste belge exerça une domination sans partage sur le cyclisme mondial des années 70. Pensez-vous : l’homme a notamment gagné 5 Tours de France, 5 Tours d’Italie, 3 championnats du monde en ligne, un Tour d’Espagne, le record de l’heure justement et 31 victoires dans les classiques du calendrier cycliste. Raison pour laquelle il lui fût trouvé le sémillant surnom de “Cannibale”. ↓

Eddy Merckx du temps de sa splendeur, sur le Tour de France 1974.

Eddy Merckx cannibale de son époque, Jan Fabre a en a fait sa devise le temps de sa performance. Il a certes réussi son pari en parcourant “seulement” 22,8 km en une heure contre les 49,431 km réalisés par son illustre compatriote en 1972 à Mexico, mais il a aussi fait honneur au cannibale en prenant le soin de mâcher et ingurgiter des filets crus de viande rouge pour tenir le coup ! Dans le milieu cycliste on parlerait de ravitaillement riche en protéines ! ↓

Signalons que l’artiste belge avait bien fait les choses en invitant, pour commenter sa performance, le cannibale en personne et l’ancienne gloire toujours populaire “Poupou” alias Raymond Poulidor. La performance fut donnée dans le cadre de la rétrospective sur Jan Fabre organisée par le MAC Lyon pour célébrer 30 années d’un activisme artistique engagé ( Stigmata – actions & performances 1976-2016 , 30 septembre 2016 – 15 janvier 2017).

J’aime beaucoup cette façon singulière de produire l’art contemporain, mêlant la grande histoire sportive à un certain art de la dérision. Des raisons qui rendent l’art contemporain ouvert sur notre époque, parfois témoin d’un passé qu’on aime se remémorer (je suis sûr que Jan Fabre est un grand fan nostalgique d’Eddy Merckx). Bref du sens et des émotions, valeurs que j’aime défendre sur ce blog !

Cannibalement vôtre,

F.B.