Dans une interview accordée au magazine d’art Monopol, Martin Roth, le président allemand du grand musée londonien Victoria & Albert Museum, prédisait une fuite de la scène artistique londonienne vers Berlin en cas de Brexit. Depuis, le Royaume-Uni a fait son choix et on s’interroge sur les conséquences de son départ de l’UE pour la communauté artistique britannique.                                             L’occasion pour nous de revenir sur la dernière grande génération d’artistes britanniques qui a secoué par ses facéties et son audace le landernau du milieu artistique anglais au début des 90’s. Je vous en présente 2 aujourd’hui avec 2 autres à venir.

La Saatchi Gallery a joué un rôle important dans l’émergence de cette nouvelle génération. Pari osé que celui du publiciste et collectionneur d’art Charles Saatchi à l’époque qui revend ses œuvres d’art américaines pour miser sur une nouvelle génération d’artistes. Pari gagnant puisque cette génération communément appelée YBA pour Young British Artists – Jeunes artistes britanniques -, a depuis essaimé son talent et en certain art de la provocation dans le monde entier. Focus sur 4 membres de cette “golden generation”, en vous évitant l’iceberg Damien Hirst, le plus connu médiatiquement 🙂

1- Steven Rodney “‘Steve McQueen“, né en 1969 à Londres. Artiste contemporain et cinéaste, il remporte en 1999 le Turner Prize pour Deadpan et Drumroll, 2 installations. En 2011, McQueen sort un film osé sur l’addiction au sexe d’un trentenaire new-yorkais au nom évocateur : “Shame”. ↓

Shame: The Life of a Sex Addict from Hope Cruz on Vimeo.

Provocateur, McQueen est nommé artiste de guerre en 2003 par l’Imperial War Museums. Il échoue à filmer les zones de guerre en Irak. Il a alors l’idée de faire éditer des planches de timbres à l’effigie des soldats anglais décédés au combat dans ce pays en guerre. Son oeuvre, Queen and Country suscite la polémique : des portraits de soldats tués au combat estampillés sur un timbre où figure le profil de la reine Elizabeth II… La guerre proche de la maison, l’opinion publique y est-elle préparée ? Ce qui entraîne d’ailleurs des échanges houleux avec l’opérateur public Royal Mail qui refuse, suite à la demande de McQueen, d’éditer les timbres. ↓

Steve McQueen devant son travail Queen and Country le 18 mars 2010 à la National Portrait Gallery

Steve McQueen devant son travail Queen and Country le 18 mars 2010 à la National Portrait Gallery

Steve McQueen, Queen and Country, 2003-2008

Steve McQueen, Queen and Country, 2003-2008

En 2014, le film 12 Years a Slave est une consécration pour l’artiste : il obtient l’oscar du meilleur réalisateur et bien d’autres récompenses. La trajectoire de McQueen est intéressante dans ce sens où un artiste contemporain investit le champ cinématographique avec une approche moins traditionnelle qu’un réalisateur strictement formé à l’image…

2- Chris Ofili, né le 10 octobre 1968 à Manchester, c’est le 1er artiste noir à rempoter le Turner Prize en 1998. C’est l’artiste des couleurs vives et éclatantes, raison essentielle pour laquelle je souhaitais vous le présenter, loin des clichés “gonzos” qui ont accompagné sa représentation anticonventionnelle de la Vierge Marie qui fit sensation en 1997, lors de la bien nommée exposition culte “Sensation” montée par Saatchi. Beaucoup de choses évidemment relie sa peinture au continent africain : mythes, sexualité, croyances et cultures populaires…

Pour le plaisir des yeux ;-)) ↓

Chris Ofili, The Upper Room, installation à la  Victoria Miro Gallery, Londres. 1999-2002

Chris Ofili, installation à la Victoria Miro Gallery, Londres. 1999-2002. Un sens chromatique bien mis en valeur

Chris Ofili, de gauche à droite : Lime Bar, Cocktail Serenader et Frogs in the Shade (Right)

Chris Ofili, de gauche à droite : Lime Bar, Cocktail Serenader et Frogs in the Shade. Depuis blog www.the stylishflaneuse.com

Chris Ofili, Afronirvana, 2002

Chris Ofili, Afronirvana, 2002

Chris Ofili, Afrodizzia, 1996

Chris Ofili, Afrodizzia, 1996

F.B.