L'Art contemporain et le design décrypté par Artdesign tendance

L’Art contemporain décrypté par François Boutard

Une Interview avec Hervé PERDRIOLLE, promoteur de la Figuration Libre et expert de l’art vernaculaire indien

Une interview exceptionnelle avec Hervé Perdriolle, critique d’art, commissaire d’exposition et marchand d’art. J’ai voulu rencontrer ce grand connaisseur de l’art contemporain pour comprendre ce qui l’avait poussé à déchiffrer des terres artistiques peu connues encore du grand public. C’est à la fin des années 90 que tout a commencé. Hervé Perdriolle a alors posé ses valises en Inde pour explorer d’autres formes d’art qui aujourd’hui émergent sur le marché international. Retour sur un parcours hors-norme…

Hervé Perdriolle m'a reçu dans sa Galerie-Appartement

À droite Hervé Perdriolle qui m’a reçu dans sa galerie en appartement

Art Design Tendance : Hervé Perdriolle, merci de recevoir Art Design Tendance chez vous, dans votre galerie en appartement, entouré d’œuvres indiennes et d’autres qui nous sont plus familières !                                               Première question. Je ne vais pas dérouler tout votre curriculum vitae mais vous êtes considéré comme le promoteur de la Figuration Libre en France du début des années 80. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené dans ce mouvement artistique ?

Hervé Perdriolle : À la base, comme dans bon nombre de mouvements artistiques, c’est  une histoire de rencontres humaines. C’est aussi une approche de l’image qui était très importante pour moi. J’ai démarré ma carrière comme graphiste-designer en travaillant dans le domaine de l’art : le milieu de l’édition artistique pour des maquettes de revues d’art mais aussi l’univers du disque pour la réalisation de pochettes. Lorsque j’habitais à Nice, j’ai rencontré Georges Rousse puis Bernard Lamarche-Vadel en Bretagne ainsi que Rémi Blanchard. Puis, revenant sur Paris pour travailler avec Lamarche-Vadel , j’ai rencontré Hervé Di Rosa, Robert Combas et François Boisrond , les 4 mousquetaires avec  Blanchard de la Figuration Libre.                                                                                                                                                     Nous étions de la même génération, avec les mêmes envies et une forte volonté de mélanger les cultures sans vouloir les hiérarchiser.

Nous sortions d’une époque très conceptuelle de l’art avec la mort annoncée de la peinture. Nous voulions partager notre passion de l’image à base d’iconographies très simples. Nous voulions faire figurer tous les modes de représentation sans hiérarchie de valeur, voilà dans quel contexte s’est développée  la Figuration Libre.                                         Rétrospectivement,  je considère ces amis comme ma première « tribu » ! Il y a quelque chose de tribal et de primitif dans toute cette histoire ;-).

A.D.T. : Comment s’est passée la rencontre avec les artistes venus de l’autre côté de l’Atlantique ? (Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, etc.)

H.P. : C’est encore une histoire de rencontres. A l’époque, en 1981, une politique volontariste pour secouer la culture française endormie s’est mise en place. Jack Lang a ainsi mandaté le critique d’art de l’Express, Otto Hahn, pour organiser une exposition « STATEMENTS ONE » organisée avec les grandes galeries américaines pour présenter les artistes français contemporains (Christian Boltanski, Annette Messager, Hervé Di Rosa, Robert Combas ). Nous avons rencontré chez Tony Shafrazi un jeune garçon qui à l’époque peignait les murs de Tony pour gagner un peu d’argent : c’était Keith Haring. Nous avons fait des rencontres et développé des liens d’amitié grâce aux bourses PS 1 dont ont profité Di Rosa, Blanchard et Boisrond. Cela a permis de mettre sur pied des expositions en Angleterre et aux Etats-Unis ainsi  qu’en France au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris où j’ai co-organisé l’exposition :  5/5 Figuration Libre France-USA en 1984.

Ce fut génial car pour la première fois Keith Haring et Jean-Michel Basquiat exposaient en France. Keith Haring et Crash graphaient directement sur les murs, à la grande frayeur des services de sécurité du musée qui angoissaient à l’idée que d’autres artistes envahissent le musée pour s’exprimer !

Ce fut un grand succès avec une grosse polémique. Je me rappelle de 4 pleines pages dans Libération pour « descendre » ce mouvement nommé « la Figuration en pleine chute libre ! ».

A.D.T. : Qu’est-ce qui ne plaisait pas ?

H.P. : Un éloignement face au discours très intellectuel de l’époque, surtout en France. Les tenants de la critique d’art de l’époque regrettaient beaucoup que l’on quitta leur sphère d’influence basée sur une analyse très poussée de l’art. Ils trouvaient ce que l’on faisait vulgaire, populiste et réservée à la bourgeoisie locale. Paradoxalement, alors que nous souhaitions montrer un art populaire, nous avions de bons papiers dans LE FIGARO ou PARIS MATCH alors qu’Hervé Di Rosa réalisait depuis longtemps les affiches du parti communiste ou de la fête de l’Humanité ;-).

Bien entendu, les temps et les époques changent, ce mouvement est aujourd’hui reconnu avec des livres sur Combas par exemple. D’un autre côté, le consensus mou est inintéressant. Par la suite, d’autres polémiques ont existé et existent toujours un peu entre « haute » et « basse culture ». Heureusement, la Fondation Cartier, la Maison Rouge ou un galeriste comme Christian Berst ont fait bouger les lignes. Rappelons aussi que le dernier accrochage des collections du Centre Pompidou « Modernités plurielles » rappellent qu’il existe d’autres cultures que la nôtre. Il faut sortir de sa propre histoire pour envisager celle des autres…

Par la suite, j’ai poursuivi l’aventure avec les frères Di Rosa par la création de l’art modeste.  À l’inverse du pop art, nous voulions démystifier l’objet comme œuvre d’art en le rendant populaire et accessible à tous, tout en lui donnant une âme. Au début des années 90, nous avons montré en galerie des pièces d’art brut, de l’art singulier, du design, des dessins de presse censurés (au moment de la Guerre du Golfe par exemple – Cabu – Wolinski – Gébé).

Crise économique obligeant, nous avons dû cesser cette activité et nous avons décidé avec ma femme et mes jeunes enfants de changer de vie et de culture. Nous sommes partis en Inde, sans rien qui nous attendait sur place. En revanche, nous souhaitions poursuivre la découverte d’autres formes d’art et les faire découvrir.

A suivre…

Chez Hervé Perdriolle, les pièces d'art tribal indien côtoient des pièces plus contemporaines

Chez Hervé Perdriolle, les pièces d’art tribal indien côtoient des pièces plus contemporaines

 

 

Chez Hervé Perdriolle, une pièce dédiée à la Figuration Libre

Chez Hervé Perdriolle, une pièce dédiée à la Figuration Libre

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