Lundi 19 Mars, 19h30, le maillet du commissaire priseur retentit pour saluer l’adjudication d’un canapé design d’après Keith Haring. Tiens pourquoi nous parle t-il de Keith Haring alors qu’en ce moment Robert Combas fait son show au Musée d’Art Contemporain de Lyon ?

Canapé bleu velours d'après Keith Haring

Canapé bleu velours d’après Keith Haring

Peut-être parce que j’ai trouvé l’enthousiasme de la salle relativement modéré à la présentation du meuble ?, peut-être aussi parce que mon blog parle d’art contemporain et de design et quoi de mieux que d’évoquer, au travers de ce billet, les collaborations qui existent entre éditeurs de meubles et artistes, et cela pour notre plus grande joie !!!           Les œuvres ludiques de Keith Haring entrent bien en résonance avec l’univers du mobilier d’enfant, l’artiste a ainsi collaboré dans les années 80 avec le fabricant de jouets en bois VILAC qui a fêté l’année dernière ses 100 ans. Une des réalisations les plus emblématiques de cette collaboration : chaise – Figure Orange ↓

Chaise figure orange par VILAC

Chaise figure orange par VILAC


L’entreprise jurassienne, spécialisée dans le bois a également collaboré avec Hervé di Rosa, Yoshimoto Nara ou encore Raymond Savignac. Les éditeurs de meubles aiment Haring et se sont beaucoup inspiré de l’œuvredu« Michel-Ange du métro de New York ». Bretz notamment avec ce fauteuil à haut dossier en velours.

Les liens qu’entretiennent les artistes et les éditeurs/fabricants de meubles ou d’objets ne datent pas d’hier…Dès les années 40 des artistes majeurs comme Alexandre Noll et surtout Diego Giacometti (frère du célèbre sculpteur) produisent du mobilier sur commande, le mobilier d’artiste commence à se démocratiser. Puis c’est Pablo Picasso, qui, visitant en 1946 l’exposition annuelle des potiers de Vallauris, eut un double coup de cœur : le premier pour l’art de la céramique comme projection de son aura pictural et le second pour sa rencontre avec Suzanne et Georges Ramié. De 1948 à 1955 Picasso réalisa ainsi près de 3500 céramiques dans l’atelier des Ramié, le « Madoura ». Mais c’est surtout grâce à l’influence de la galerie d’art ACTURIAL qui dès 1975 fut la première à éditer en série des meubles d’artistes – notamment les nouveaux réalistes : Arman, Yves Klein et Niki de Saint Phalle – que l’artiste intègre le monde du mobilier et réciproquement que les fabricants se rapprochent des artistes plasticiens.

On parle même aujourd’hui « d’art-design », pour autant le rapprochement progressif entre le monde du design et celui de l’art pose des questions. Peut-on toujours parler d’art pour un meuble produit en série, même limitée ?, l’art ne perd-il pas son âme dans la production en série de pièces répondant à la vocation utilitaire du design ?                                                                                                    En ce qui me concerne mon choix est fait, je ne dirai pas mieux que Jean Bedel, journaliste, fondateur du JOURNAL DES VENTES ET DE LA COTE DES ANTIQUITES : « Le succès relatif des meubles sculptures répond au désir des amateurs éclairés qui leur donnent une place de choix dans leur espace habitable, au même titre qu’une œuvre d’art. Cette tendance esthéticienne ne s’inscrit elle pas dans la meilleure tradition française qui sait apprécier la beauté des formes aussi bien pour leur réussite fonctionnelle que pour l’élégance de leurs lignes »

F.B.