Je vous propose dans ce billet de relier l’artiste peintre au cinéma, car les tableaux de Monory constituent à part entière des plan-séquences d’un film. Rien d’étonnant que l’homme soit inspiré directement par le cinéma, et en particulier par le film noir américain. Petit, Monory habitait près d’un cinéma PATHE, ceci explique peut-être cela. Le 7ème art imprègne l’œuvre de Monory comme le bleu monochrome inonde le fond de ses toiles. A ce titre Jean-Luc Hennig en 1981 dans Libération ne mégote pas : « Peut-être le plus « cinéma » des peintres. C’est sur qu’il a plus Citizen Kane ou le Faucon Maltais  dans le crâne que les Nymphéas ou le Déjeuner sur l’herbe ».

De nombreux parallèles frappants existent entre les toiles du maître et le cinéma : comment ne pas rapprocher la séquence de fin d’ A bout de souffle (François Truffaut,1960) avec Meurtre n°1, 1968 – Série Meurtre

 

Meurtre n°1

Meurtre n°1

Ou encore avec Noir n°9, 1990. La ressemblance entre les pavés de la rue de la scène finale d’ A Bout de souffle avec les pavés représentés par l’artiste est stupéfiante. Beaucoup de tableaux de Monory en rapport au meurtre incluent dans leur composition un carrelage, vision clinique et glacée de la scène.

Noir n°9, 1990

Noir n°9, 1990

Le cinéma est encore pleinement présent dans le tableau ci-dessous : Meurtre n°10/2, « Monory entretient des rapports multiples avec les images cadrées. Il emprunte au cinéma la structure d’un plan-séquence pour organiser sa toile. Il déroule une unité dramatique en regroupant plusieurs supports sur un même plan. Un homme prend la fuite, figurée par son prolongement hors espace du tableau(Centre Pompidou, Direction de l’action éducative et des publics, mai 2008, Karine Maire et Marie-José Rodriguez)

Meurtre n°10-2, 1968

Meurtre n°10-2, 1968

 

Autre rapprochement pour les cinéphiles qui correspond à la période « américaine » de l’artiste – voyage de l’artiste au début des 80’s dans l’Ouest américain qui aboutira entre autre(s) sur la série Death Valley – : le tableau Fuite n°1, 1980 avec le road-movie Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991).

fuite n°1, 1980

fuite n°1, 1980

Plus récemment et aussi surprenant que cela paraisse Monory a également fait des émules chez nos amis « yankees » , je remercie à ce titre le créateur du blog consacré au réalisateur américain Michael Mann – http://michaelmann.over-blog.com/ – Dans le film Heat (1995) un long plan-séquence avec De Niro qui paraît tout droit sorti d’un tableau de Monory!!!

Enfin je vous laisse le meilleur pour la fin, pour ceux que le bleu onirique inspire j’ai mis en post un lien sur une vidéo – , création  de l’artiste Ange Leccia, – que celui-ci me pardonne faute d’avoir pu le contacter -, tout l’univers du peintre est présente à travers cette ambiance sonore et visuelle. Bonne écoute!!!

extrait de Jules et Jim, vidéo de Ange Leccia, cliquez ensuite sur lien

F.B.