Qu’ont en commun le réalisateur de cinéma russe Andreï Tarkovski (1932-1986) et le peintre américain Cy Twombly (1928-2011) ? Un goût prononcé pour la photographie, et en particulier le polaroid. Le premier a fait des études de peinture avant d’entrer dans une école de cinéma, le VGIK. Et le second a découvert le médium photographique à l’occasion de son séjour au Black Mountain College, au début des années 50, avec son ami Robert Rauschenberg. ↓

Cy Twombly, Still Life, 1951. Photographie réalisée au Black Mountain College

Cy Twombly, Still Life, 1951. Une des premières photographies de l’artiste, en  noir & blanc réalisée au Black Mountain College. Hommage à l’œuvre de Giorgio Morandi. Une composition simple, des formes pures. ↓

Giorgio Morandi, Still Life, 1956

Giorgio Morandi, Still Life, 1956. © DeA Picture Library / Art Resource, NY / Morandi, Giorgio (1890-1964) © ARS, NY

Les photos de Tarkovski : instantané et nostalgie

Dans les années 1970, le réalisateur de Nostalghia commence à prendre ses premiers clichés avec un polaroid. À cette époque, il coupe les ponts avec sa Russie natale, une décision douloureuse qui le pousse à « enregistrer » chaque moment passé, à capter les choses sur l’instant. Extraordinairement, les photographies de Tarkovski révèlent cette nostalgie de l’exil. Chaque cliché, amplifié par le côté « vintage »  de la photo polaroid, enregistre des instants comme suspendus. Beaucoup de ses clichés, avec pour compagnon sensible la nature, semblent “brumeux”, comme sortant d’un rêve éveillé. Parfois une douce lumière perce la scène, beauté fugace du temps qui passe. Oui, assurément, les photos de Tarkovski ont quelque chose de délicieux, une puissance libératrice qui nous détache d’un mode contemporain où tout est dit, su, filmé et commenté en temps réel. ↓

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andrei Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

         Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid ↑ – photos polaroid ↓↓

Andreï Tarkovski, photos polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Andreï Tarkovski, photo polaroid

Les photos de Twombly comme un carnet de croquis

En regardant les photos de Tarkovski, je me suis rappelé celles de Cy Twombly ; quelques-unes avaient été exposées à l’occasion de la rétrospective qui lui était consacrée au Centre Pompidou (2016-2017). J’ai senti chez les 2 artistes la même nécessité d’emprunter au polaroid ses effets distanciés par rapport à la réalité de l’instant. Selon les spécialistes du grand peintre américain, Twombly a utilisé la photographie comme un carnet de croquis, enregistrant ce qui se passait autour de lui. Il a démarré en faisant des instantanés de ses instructeurs et collègues artistes au Black Mountain College en Caroline du Nord en 1951, et, l’année suivante, a photographié son propre travail et celui de son collègue Robert Rauschenberg dans le studio new-yorkais de ce dernier. Au départ, ce travail photographique n’était pas destiné à être exposé ou publié. ↓

L'éditeur allemand Schirmer/Mosel a publié 4 catalogues raisonnés sur l'oeuvre photographique de Cy Twombly

L’éditeur allemand Schirmer/Mosel a publié 4 catalogues raisonnés sur l’oeuvre photographique de Cy Twombly

Comme de nombreux artistes, Twombly a immédiatement pris le Polaroid SX-70 lors de sa sortie en 1972. Intelligemment conçu et peu coûteux, il a produit la première image instantanée, crachant une image au toucher de son bouton rouge. Tout ce que le photographe avait à faire était de regarder et d’attendre que l’image se résorbe. L’image SX-70 mesurait alors 3 pouces carrés. Sa surface semblable à un bijou a transformé le monde en un disque privé, une mémoire permanente de quelque chose de vu. ↓

Le fameux polaroid SX-70

Le fameux polaroïd SX-70

Twombly a enregistré tous ses sujets – les pièces en écho de ses maisons, le feuillage au-delà, les couchers de soleil, les citrons et les fleurs de Rome et de Gaeta – dans une série de visions personnelles. Comme pour Tarkovski, le temps semble suspendu dans ces clichés, une qualité sur laquelle le diktat de l’instantané n’a plus aucune prise…↓

Cy Twombly, photo polaroid, intérieur

Cy Twombly, photo polaroid, intérieur

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroïd

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, Light Flowers, Gaeta, 2008

Cy Twombly, Light Flowers, Gaeta, 2008

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo Miramare by the Sea, 2005, Gaeta

Cy Twombly, photo Miramare by the Sea, 2005, Gaeta

Cy Twombly, Miramare, Gaeta, 2005

Cy Twombly, Miramare, Gaeta, 2005

Paysage marin, Cy Twombly

Paysage marin, Cy Twombly

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

Cy Twombly, photo polaroid

F.B.