Je souhaite partager mes coups de cœur durant cette 12ième Biennale d’Art Contemporain de Lyon. Avec une gourmandise certaine, mes premiers pas pour cette nouvelle édition m’ont mené à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, qui propose, en résonance avec la Biennale, une sélection de vingt artistes émergents. Pour être juste sur le sujet, remarquons que ce Rendez-vous 2013, associe à la fois le Musée d’Art Contemporain de Lyon, l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne et l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon. Parenthèse fermée, mais non mois indispensable. Qu’allais-je donc découvrir au milieu d’un patchwork annoncé de jeunes créatifs aux dents longues ?

C’est dans un étranglement du parcours d’exposition, que l’artiste Charles Lim dévoile 2 écrans visuels qui se font face. Jusque ici, rien de bien particulier. Pourtant, ma vision s’est retrouvée happée par le spectacle filmé en plongée d’un homme, minuscule avec son gilet de sauvetage orange, noyé dans l’immense mer. Le rendu esthétique est d’autant plus intéressant qu’il repose sur deux écrans superposés, qui je ne sais  comment l’expliquer, donne l’effet d’un tableau en mouvement. ↓

Charles Lim, Sea state : Drift (Stay Still Now to Move, 2013.

Charles Lim, Sea state : Drift (Stay Still Now to Move), 2013.

Charles Lim, idem

Charles Lim, idem

Plus que le mouvement d’ailleurs, la proposition esthétique et poétique ferait même penser, par certains de ses aspects, aux stries noirs d’un tableau de Pierre Soulages, en mouvement. ↓

Charles Lim, Sea state : Drift, extrait du film, 20103.

Le propos de l’artiste est aussi politique. Pour avoir eu la chance de parler quelques minutes avec l’artiste, cette vidéo a été réalisée à l’endroit maritime exact de séparation frontalière entre la ville-état de Singapour et l’état monarchique de Malaisie. De quel côté notre homme dérivant va-t-il se retrouver ?  N’est-ce pas se moquer de la démarcation politique entre deux états antagonistes ?         La métaphore de la frontière est clairement posée dans la seconde vidéo, présentée sur un seul écran celle-ci, qui figure une corde flottant au gré du courant maritime. ↓

Charles Lim, Sea state : (Rope Sketch 1), 20103.

La mer brouille les pistes, quelle est la frontière réelle entre deux états, autrefois réunis, mais séparés depuis 1965 ? Si vous souhaitez creuser le sujet, la question identitaire surgit et s’impose lorsque l’on sait que Singapour et la Malaisie revendiquent  certains îlots – ce qui a fait l’objet d’un jugement de la Cour Internationale de Justice de La Haye de 2008 -.                                               On ne sera pas surpris d’apprendre que Charles Lim, d’origine chinoise, est un ancien marin professionnel, qui a navigué pour le représentant chinois lors de l’édition 2007 de l’America’s Cup. Fasciné par les caprices du vent en mer, Lim interroge aussi la difficulté de saisir, visuellement, l’orientation des éléments naturels que sont l’air et l’eau. ↓

Charles Lim, Sea state : Drift (Rope Sketch 1), 2013.

Charles Lim, Sea state : Drift (Rope Sketch 1), 2013.

Charles Lim, Sea state : Drift (Stay Still Now to Move), 2013

Charles Lim, Sea state : Drift (Stay Still Now to Move), 2013.

F.B.

Photos et vidéos de l’exposition avec l’aimable courtoisie de Charles Lim

Exposition Rendez-vous 13, 10 Septembre au 10 Novembre 2013, Institut d’Art Contemporain, Villeurbanne / Rhône-Alpes