L'Art contemporain et le design décrypté par Artdesign tendance

L’Art contemporain décrypté par François Boutard

Rencontre avec Claude Gazier – Episode 2/2

Claude Gazier m’a donné rendez-vous à la Galerie Pallade, qui propose jusqu’au 13 octobre 2012 l’exposition : « Claude Gazier, un certain regard ».

Si vous avez lu et surtout regardé le précédent billet, vous avez peut-être découvert une peinture de l’instant cinématographique. Les titres « Out of Africa », «In the Mood for love » ou encore « Le Mépris », ne vous sont pas inconnus…Il était temps d’interroger Claude Gazier sur son objectif pictural et la technique qu’il utilise pour réveiller notre mémoire !

– Qu’est-ce qui vous inspire Claude Gazier ?                                                                     L’âge d’or du cinéma américain, le film noir américain des années 40 en particulier (tableaux inspirés de réalisateurs comme Henry Hathaway, Fritz Lang, Orson Welles, Elia Kazan, John Huston) puis italien (Fellini, De Sica, Antonioni). Les scènes, mythiques, de certains films me restent en mémoire, je décide alors de retranscrire cet instant cinématographique. Comme un arrêt sur image émotionnel.

Pourtant, Out of Africa ou In the Mood for love sont des films plus récents ?  Certes, mais le premier film date de 1985 et le second de 2000. On ne peut donc plus parler de films récents. J’ai eu le temps de « digérer » ces 2 fictions et ce qui m’intéresse, c’est précisément la ou les scènes qui m’ont marqué et dont je me souviens. J’effectue un travail sur la mémoire avec pour ambition de sublimer l’instant.

 Quand je regarde vos toiles, je suis tenté de dire que vous préservez, volontairement, une image floue des scènes cinématographiques que vous peignez. Comme un rejet de l’image technologique moderne ultra «  nette »  ? C’est vrai, vous avez raison. Je cultive sciemment cet aspect flou. Je suis un amoureux des premiers films réalisés en technicolor, puis des images en qualité VHS. Il faut laisser le pouvoir à l’imaginaire. Mon travail comme décorateur – notamment la réalisation du secteur « New York » de l’exposition CITES-CINES à la Grande Halle de la Villette (Paris) – a été fondateur dans le travail de ma peinture. Il est essentiel de prendre la bonne distance par rapport à l’image

– Justement, pouvez-vous nous expliquer comment, techniquement, vous obtenez cette fameuse « distance » ?                                                                                      J’utilise, en général, un support de granulats de marbre que je badigeonne d’un fond à la chaux. Puis je projette une image dont je détermine les contours avant de la couvrir de cire colorée. Ce procédé me permet de me rapprocher de l’image cinématographique, tout en laissant une vision suffisamment floue aux spectateurs de mes tableaux. Je dirais que je me situe à mi-chemin entre Hopper et Balthus. Bien entendu, avant de développer cette technique, j’ai beaucoup travaillé l’art de la fresque ; Giotto notamment m’a beaucoup inspiré.

– Chose intéressante, dans l’exposition « Un certain regard », on sent que le travail sur certaines toiles aboutit à un résultat visuel différent. Est-ce volontaire ?
Tout à fait. Si vous regardez les tableaux de la série relative au film «In the Mood for love », j’ai travaillé sur un granulat lissé pour obtenir une image plus floue (cf. Maggie Cheung – 2), un granulé en pointe pour un effet de relief plus prononcé (cf. Maggie Cheung – 3) et j’ai enfin obtenu une synthèse des 2 styles, proche de la fresque (cf. In the Mood for love).

– Du coup, vos tableaux s’expriment différemment suivant la distance à laquelle nous les regardons ?    
C’est aussi l’intérêt de ma peinture. De près, l’image projetée paraît floue, mais plus vous vous éloignez d’elle et plus elle devient nette et précise. Enfin, je dirais que ma technique confère à la toile une dimension minérale ; je représente des instants certes, mais ils deviennent vivants projetés sous vos yeux.

– Claude Gazier, vous êtes natif de Lyon, à quand un sujet peint d’inspiration lyonnaise ?                                                                                                                Pourquoi pas, je n’exclus rien…

Claude Gazier, Maggie Cheung - 2, 2012,  "effet lissé"

Claude Gazier, Maggie Cheung – 2, 2012, “effet lissé”

Claude Gazier, Maggie Cheung - 3, 2012,"effet granulat en pointe"

Claude Gazier, Maggie Cheung – 3, 2012,« effet granulat en pointe »

Claude Gazier, Maggie Cheung - 3, 2012," effet granulat en pointe, vue de près"

Claude Gazier, Maggie Cheung – 3, 2012, « effet granulat en pointe, vue de près »

Wong Kar Wai, 2000, In the Mood for love scène du film

Wong Kar Wai, In the Mood for love, 2000, scène du film

Claude Gazier, In the Mood for love, 2012

Claude Gazier, In the Mood for love, 2012

F.B.

Photos courtoisie de Claude Gazier, Anne-Marie et Roland Pallade

Galerie partenaire

Galerie Binome, Paris

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