Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
C’est peu dire que la Cité des Anges exerce une attraction certaine sur votre serviteur. L.A. et son univers impitoyable, L.A., symbole de la démesure orgiaque du show business et miroir à illusions pour starlettes égocentrées. Los Angeles à elle seule concentre ces deux facettes. Côté pile : le rêve américain version pailleté ; côté face : les rails version freeway d’une descente aux enfers cocainée. Et puis, L.A., c’est aussi synonyme d’un grand melting pot aux forts accents hispaniques…Bref, de quoi constituer un terreau idéal pour l’expression d’une créativité débridée ! ↓
Voilà le décor planté, reste à vous faire part de l’excellente initiative de l’Institut Français qui rassemble sous le titre « Ceci n’est pas…Art between France and Los Angeles », une trentaine de manifestations artistiques dans la Capitale californienne. Parmi ces manifestations, Paris Photo s’est installée dans les studios de la Paramount – rien que ça !-, du 26 au 28 avril dernier. Les « angelinos » ont ainsi pu admirer de très belles photographies, dans tous les styles, petit inventaire : ↓
Evidemment, si l’Institut Français se donne la peine d’organiser une telle manifestation, c’est bien pour assurer une visibilité à certains de nos artistes. Je signalerai ainsi la présence de Latifa Echakhch, récemment exposée au Musée d’Art Contemporain de Lyon, au Hammer Museum de Los Angeles. Le musée, intégré au fonctionnement de la prestigieuse université UCLA, déroule le tapis rouge pour la plus médiatique des œuvres de l’artiste d’origine marocaine : À chaque stencil une revolution. Pour ce travail, Echakhch a fixé au mur des centaines de feuille de papier carbone sur lesquelles elle a laissé couler un produit solvant qui dissout l’encre et la fait ruisseler au sol. Le résultat esthétique est magnifique ↓
L’oeuvre est un clin d’œil au bleu Klein mais surtout son titre est une citation de Yasser Arafat, quand le papier carbone constituait un moyen technique de diffusion des idées révolutionnaires. Ah oui mais, vous me direz, que la luminosité californienne est assez éloignée de la teinture bleutée des carbones de Latifia Echakhch ! Dont acte. Et quelle lumière qui attire les projecteurs hollywoodiens ! Comme le dit si bien le peintre contemporain David Hockney : « Je me suis installé en Californie parce que je savais que le soleil y brillait avec générosité »,[…] C’est en regardant les films tournés là-bas en extérieur, comme Laurel et Hardy , que je m’en suis rendu compte. Les ombres des acteurs étaient épaisses, d’un noir profond, preuve d’une très grande luminosité.» ↓
Cette luminosité particulière a toujours imprimé sa marque dans la vie artistique de Los Angeles. Autre ingrédient de L.A. : le mélange ethnique. Comme l’a rappelé à juste titre l’exposition organisée au centre Pompidou et intitulée : LOS ANGELES 1955-1985. Naissance d’une capitale artistique, un brassage culturel intense a marqué les années d’accession de Los Angeles à cette reconnaissance. Prenons par exemple le Groupe ASCO, dont les membres, américains d’origine mexicaines – dits chicanos -, ont attendu longtemps avant d’accéder à la reconnaissance de leurs performances artistiques. D’origine très modestes, ces artistes pionniers ont revendiqué leurs droits d’expression de façon « gonflée », dans une ville ouverte aux tensions raciales des années soixante dix. Ainsi, dans la performance First Supper After a Major Riot, les artistes Patssi Valdez, Humberto Sandoval, Willie Herrón III et Gronk, installent la table d’un dîner festif sur le lieu même de l’assassinat du journaliste chicano Ruben Salazar, par la police, lors d’une marche contre la guerre du Vietnam ↓
Retrouvez Willie Herrón sans une vidéo du LACMA, à l’occasion de l’exposition qui s’est tenue en 2011 : « Asco : Elite of the Obscure, A Retrospective, 1972-1987 » ↓
Trop exubérants les artistes de L.A. ? Certains artistes influents de l’époque se sont amusés à les caricaturer tel Robert Smithson dont je vous avais parlé dans un billet précédent. Dans le film East Coast / West Coast, de 1969, Robert Smithson joue un artiste californien qui s’adresse à son confrère new-yorkais – Nancy Holt -, lui demandant d’arrêter de penser pour enfin ressentir…! Le Mythe de l’artiste californien éternel surfer dilettante a alors de beaux jours devant lui…Pourtant, la capitale californienne n’a rien à envier à sa rivale de la côte est, New York.
N’est-ce pas en 1963 que la légendaire galerie Ferus lance la première exposition personnelle d’Ed Rusha ? Qu’Andy Warhol y expose pour la première fois en tant qu’artiste ses premières Campell’s Soup Cans en 1962 ? Los Angeles n’est pas le lieu d’une scène mais de plusieurs scènes alternatives qui se fréquentent. Les endroits de diffusion de ses artistes, comme la Galerie Ferus, ont joué un grand rôle…Citons ainsi le LACE – Los Angeles Contemporary Exhibitions, toujours actif aujourd’hui. ↓
J’espère que vous aurez la curiosité d’aller visiter en vrai ou sur le web, les différentes institutions qui font vibrer l’art contemporain et le design à Los Angeles. Les possibilités sont immenses, je vous conseille ainsi :
→ le site de l’exposition « Pacific Standard Time : Art in Los Angeles, 1945-1980 », une manifestation courant sur six mois de fin 2011 à début 2012.
→ le site du J. Paul Getty Museum
→ le LACMA – The Los Angeles County Museum of Art
→ le MOCA – Museum of Contemporary Art
→ le site du projet : « Lost in L.A», manifestation organisée par le Palais de Tokyo à Los Angles
→ Le MOCAD – Museum of California Design
→ le A+D – Architecture and Design Museum
Pour finir, je vous propose une série de photographies qui rappellent imanquablement L.A. et le mode de vie Californien.
Si seulement nous pouvions encore croire à la venue d’un soleil californien…↓
F.B.