Last Updated on 4 septembre 2023 by Chloé RIBOT
Focus aujourd’hui sur un des éditeurs design parmi les plus connus de la planète : Kartell. L’histoire de la marque italienne est indissociable du boom industriel italien d’après-guerre. Mais elle a su aussi tirer parti de l’avènement du designer « star » avec Piero Lissoni, Philippe Starck, Patricia Urquiola, Ron Arad. Son président, Claudio Luti, est aujourd’hui nouvel ambassadeur de l’exposition universelle Milan 2015. Alors, prêt pour plonger dans l’univers du « Kartell » ? ↓
Kartell : « Coloré, démocratique, narratif », tels sont les mots qui viennent à l’esprit d’Anne Bony, historienne du design, quand on lui demande de décrire les créations de la société Kartell. Les qualificatifs ne manquent effectivement pas pour évoquer l’une des sociétés de design italien les plus marquantes du XXe siècle. Née en 1949 à Milan, Kartell s’illustre avant tout comme la société qui a le plus démocratisé le design : 15 000 km d’étagères Bookworm, un million de fauteuils Louis Ghost vendus l’attestent. La popularité des produits Kartell est immédiate dès la création de la société par l’ingénieur chimiste Giulio Castelli. Après avoir démarré son activité avec la production d’accessoires pour automobile, celui-ci révolutionne les foyers italiens en créant en 1951 la division des articles ménagers. Avec l’objectif d’« apporter le plastique dans les maisons », Kartell démarre ainsi la production de seaux et de bassines en polyéthylène pour aboutir peu à peu à des produits extrêmement sophistiqués mais également bon marché. Pour Raymond Guidot, « Kartell incarne le réveil incoyable de l’Italie, qui a su bénéficier des innovations technologiques de l’après-guerre et en tirer partie pour créer des objets industrialisés utiles et agréables ». Car l’industrialisation est le principe fondateur de l’entreprise, explique son président, depuis 1988, Claudio Luti.
Sa popularité, Kartell la doit aussi à sa stratégie de collaboration avec les meilleurs designers de son temps. Achille et Pier Giacomo Castiglioni, Marco Zanuso, Joe Colombo, Anna Castelli Ferrieri, Ron Arad ou Philippe Starck : tous ces maîtres du design ont forgé au cours des décennies le caractère unique de l’entreprise. Les designers invités se plient à la technologie du plastique mais le réinventent également. Dans les années 1960, la très célèbre Sedia per bambini 4999 (« chaise pour enfants » de 1964), dessinée par Marco Zanuso et Richard Sapper, est la première chaise au monde en plastique. Modulable, démontable, facile à nettoyer et à la forme souple et semi-enveloppante, elle remporte un immense succès. Interprétant un modèle traditionnel, la Seduta sovrapponibile 4867-Universale (« chaise superposable ») de Joe Colombo, fabriquée en 1968, propose une solution formelle à l’utilisation d’un matériau et d’une technologie d’avant-garde. Avec ses célèbres modules de rangement Componibili, Anna Castelli Ferrieri répond quant à elle aux nouveaux modes de vie des années 1970. En collaborant avec Philippe Starck, la société colle aux années 1980-1990 en exploitant l’essor de la médiatisation et sans cesser de démontrer son incroyable force d’innovation technologique, tandis que les années 2000 ouvrent la voie aux frères Bouroullec, à Patricia Urquiola ou à Tokujin Yoshioka.
La chaise The Lou Lou Ghost dans tous ses états…
Vous le savez, j’ai toujours eu un faibe pour Joe Colombo !
Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)) La définition est extraite de l’excellent livre : Les 101 Mots du design à l’usage de tous – Marion Vignal & Cédric Morisset, Archibooks.
F.B.