L'Art contemporain et le design décrypté par Artdesign tendance

L’Art contemporain décrypté par François Boutard

Ben Patterson à La Fondation du Doute

La Fondation du Doute à Blois

Dans un billet du 5 mai 2013, je vous faisais découvrir La Fondation du Doute, sorte de Centre Mondial du Questionnement que l’artiste Ben a “planté” à Blois dans le Loir-et-Cher et non chez lui à Nice. Evidemment, étant originaire de la région, je suis revenu voir la Fondation, 5 ans après… Précisons que le but premier de la Fondation du Doute est d’accueillir et mettre en perspective les collections personnelles de Ben et Gino Di Maggio sur le mouvement Fluxus, mouvement auquel il a activement participé, dès les années 60. ↓

 

Le Mur des Mots de Ben, entrée principale vers la Fondation du Doute, dans la cour principale, Blois.

Le Mur des Mots de Ben, entrée principale qui mène à la Fondation du Doute, dans la cour principale, Blois.

 

L'esprit Fluxus flotte au Café Le Fluxus

L’esprit Fluxus flotte au Café Le Fluxus

Ben Patterson n’est plus

Arrivé au 1er étage, je tombe sur des œuvres de Benjamin “Ben” Patterson, dont une qui me plaît beaucoup puisqu’il s’agit de la “mise en boîte” du Château de Chambord, un des plus vastes châteaux de la Loire de style Renaissance qui crâne à une dizaine de kilomètres d’ici. Ben Patterson est considéré comme un des fondateurs du mouvement Fluxus, derrière leur chef de file et théoricien, Georges Maciunas.↓

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014. Couple en porcelaine et gravure du Château de Chambord

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014. Couple en porcelaine et gravure du Château de Chambord.

 

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014

 

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014

Muse Démodée, Ben Patterson, 2014

Je me rappelle alors les facéties musicales de l’artiste, connu pour avoir interprété des œuvres musicales rentrées dans le répertoire historique de Fluxus. Malheureusement, les cartels de présentation de ses œuvres m’indiquent que l’artiste n’est plus de ce monde et a quitté la planète terrienne de Fluxus le 25 juin 2016.

 

Ben Patterson dans des activités au piano (avec une scie à bois!), Fluxus Festspiele Neuester Musik, Wiesbaden, 1962

Ben Patterson (à droite sur la photo) dans des activités au piano (avec une scie à bois!), Fluxus Festspiele Neuester Musik, Wiesbaden, 1962

De Patterson vous aviez été plusieurs à me dire que vous aviez apprécié, à différents niveaux et pour différentes raisons, la performance de l’artiste réalisée en live à La Maison Rouge le 18 mars 2010 et que j’avais postée sur le blog, la revoici donc :-)) ↓

Ben Patterson au cœur de l’aventure Fluxus

Ben Patterson sort diplômé de ses études musicales à l’Université du Michigan en 1956. C’est un contrebassiste virtuose. Malheureusement, en raison de sa couleur de peau, il se voit refuser l’accès à des orchestres symphoniques américains. C’est pourquoi il exercera son art dans  l’Orchestre symphonique d’Halifax au Canada, de 1956 à 1957 ; puis de 1958 à 1959, il trouve sa place dans l’orchestre national de la 7e Armée des États-Unis basée en Allemagne. Puis, il suit les expérimentations sonores du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen (1928-2007). Stockhausen a notamment participé au tout premier concert de musique électronique de la Westdeutscher Rundfunk (service radiophonique d’État allemand), au début des années 1950. 

Quant à Patterson, il fera une rencontre décisive chez l’artiste allemande Mary Hilde Ruth Bauermeister (1934-) qui organise chez elle à Cologne des rencontres entre les artistes de l’avant-garde Fluxus. Il est alors très impressionné par le travail du compositeur, poète et plasticien américain John Cage (1912-1992), dont il interprète, en première mondiale, la pièce Cartridge Music. Chez Bauermeister se côtoient ainsi des musiciens, plasticiens, auteurs de poèmes comme Hans G Helms, David Tudor dont je vous ai parlé sur ce blog – Ecyostèmes Artistiques -, Christo, Wolf Vostell – Wolf Vostell véritable star de l’exposition Fluxus-, George Brecht, et Nam June Paik. ↓

 

“Cartridge Music” by John Cage, performed by Langham Research Centre from Helen Petts on Vimeo.

Ben Patterson va alors créer ses propres pièces musicales comme Paper Piece, Solo for Double Bass, Variations for Double Bass. Durant ces concerts, l’artiste utilisent des objets tels que des pinces, serre-joints, etc. qu’il fixe à la contrebasse). Des morceaux qui deviennent des classiques du répertoire du Groupe Fluxus durant ses concerts/performances. ↓

On peut dire de Patterson qu’il fait partie du noyau avant-gardiste de Fluxus puisqu’il participe, en 1962, au festival Fluxus Internationale Festspiele neuester Musik donné à Wiesbaden, en Allemagne, et au cours duquel le mouvement Fluxus est pour la première fois clairement identifié. Le festival est organisé par George Maciunas, la tête pensante de Fluxus, avec l’aide de Joseph Beuys. Par la suite, Patterson créera encore quelques pièces estampillées Fluxus (pas que des concerts) avant de revenir chez lui aux Etats-Unis pour gagner sa vie. On peut supposer que si on s’amuse dans Fluxus, on n’y gagne que très peu d’argent, voir pas… – me rappelant là une citation de Ben faisant le même constat ;-)) -. Pour subvenir à ses besoins donc, Ben Patterson quitte la scène artistique mais n’en reste pour autant pas si éloigné, menant une carrière dans des institutions culturelles, voir étatiques – il est ainsi l’assistant du Directeur du Département des Affaires Culturelles de la Ville de New-York de 1972 à 1974 -.

Patterson revient temporairement aux affaires en 1982, à l’occasion des 20 ans de Fluxus à Wiesbaden. En 1988, il prend sa retraite. Bien inspirée, la Galerie Emily Harvey à New York (aujourd’hui une Fondation) lui consacre une exposition sur la base de nouveaux travaux. Depuis sa retraite en fait, Patterson n’aura jamais été aussi actif dans le mouvement Fluxus, multipliant les solo shows et les participations à des expositions collectives, jusqu’à cette funeste date de 2016…↓

Affiche de l'exposition What Makes People Laugh à la galerie Emily Harvey, 1989

Affiche de l’exposition What Makes People Laugh à la galerie Emily Harvey, 1989.

F.B.

 

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