Je ne vous avais pas caché ma fascination pour le grand artiste que fût Roy Lichtenstein – cf. billet https://artdesigntendance.com/roy-lichtenstein/). Alors, bien évidemment, il m’était impossible de rater la première rétrospective parisienne consacrée à l’artiste au Centre Pompidou ↓
Si vous fréquentez mon blog depuis quelques temps, vous avez dû remarquer que mon propos n’est pas de chroniquer la dernière exposition en vogue, je laisse ce savoir-faire à d’autres, à la plume plus experte. En revanche, j’aime partager ma passion, la rendre accessible par la mise en ligne régulière de liens qui jalonnent mes billets. J’aime creuser le « décor de fonds » d’une œuvre, c’est-à-dire donner des clés de compréhension et d’explication du travail d’un artiste. J’aime aussi aller au-delà de l’imagerie classique que véhicule l’œuvre de l’artiste, il y a toujours des indices, ici et là, qui donnent du relief à son œuvre.
Alors Roy Lichtenstein, figure emblématique du Pop Art ? La réponse : oui, mais pas que…comme le rappelle habilement la scénographie de l’exposition, si Roy Lichtenstein s’est fait un nom avec ses tableaux inspirés d’histoires de guerre en bandes dessinées ou ses pin-ups délicieusement sensuelles façon comics, il n’a jamais cessé d’expérimenter de nouvelles techniques, et surtout réinterprété les grands classiques de son époque : Picasso, Matisse, Mondrian, etc. Le Centre Pompidou met ainsi à la disposition des visiteurs curieux munis d’un Ipad, une application spécialement conçue pour l’exposition et qui dépasse précisément la période pop art pour aborder d’autres thématiques très présentes dans l’œuvre de Lichtenstein. ↓
Ainsi, le visiteur émerveillé en 2001 par la dernière grande exposition du Pop art à Paris – Les années Pop -, a redécouvert un artiste moderne qui a développé sa technique particulière par-delà l’imagerie classique des tableaux sexy et colorés des années pop.
— Que dire ainsi du Roy Lichtenstein s’amusant à revisiter l’histoire de l’art du XXième siècle, de la figuration vers l’abstraction, dans la série des Taureaux – Bull Profil Serie-, clin d’œil assumé à Picasso ? ↓
– Des séries de la Cathédrale de Rouen, thème cher à Monet ? ↓
– Ou encore de sa réinterprétation des vues d’ateliers peintes par Matisse, les Intérieures Symphoniques et des thèmes chers au grand rival de Picasso qu’il dispose ici ou là dans ses compositions ? ↓

Henri Matisse, Grand Intérieur rouge, dernier tableau de la série des six grands intérieurs symphoniques de Vence, 1948
On le sait moins mais Lichtenstein s’appliqua à donner une forme corporelle réelle à ses tableaux. Peintre, graphiste, mais également sculpteur de peintures-objets ! ↓
Surprenantes ces sculptures non ? Ce qui témoigne du savoir-faire de l’artiste, touche à tout de génie et que l’on a bien tort de cantonner aux seules toiles inspirées de l’univers de la BD et des marques commerciales. C’est pourquoi il faut voir l’excellent film vidéo The Art of The Graphic Image – , réalisé par Frank Cantor-, dans lequel Lichtenstein se définit avant tout comme un graphiste avec son propre langage. Aussi, je vous conseille fortement de musarder à l’entrée de l’exposition et de vous lover dans les canapés confortables pour regarder deux films consacrés au travail de Lichtenstein. J’ai remarqué que peu de personnes s’y arrêtaient, à tort selon moi…On le voit travailler dans son studio, avec ses assistants. On se rend alors compte du bourreau de travail qu’il fût, à pied d’œuvre tous les jours, par passion et sans contrainte. On comprend alors que, chose fascinante, le graphisme direct et simple des toiles de Lichtenstein est inversement proportionnel au processus lent et complexe de réalisation de ses œuvres. ↓

The Art of the Graphic Image, Franck Cantor, 1994, capture d’écran. Une technique propre à Roy Lichtenstein : l’artiste redessine les contours du dessin avec de l’adhésif
Pertinent également, un extrait de film réalisé par Michael Blackwood, montrant Lichtenstein au travail. On y apprend ainsi que l’artiste peignait ses toiles en utilisant un miroir inversé, de façon à renouveler sans cesse sa vision du tableau en cours ; ou encore l’utilisation fréquente du collage pour masquer une partie de tableau et essayer une autre composition. ↓
Pourquoi aime-t-on autant Lichtenstein ? Je crois qu’une partie de la réponse réside dans l’invention d’une peinture moderne de son temps : claire, directe, jeune et sexy – pour reprendre la définition du pop art selon Richard Hamilton-, mais la découverte d’autres facettes du talent de Lichtenstein force encore plus le respect. C’est tout un univers et ses codes qui vous enveloppent lorsque vous contemplez une œuvre de Roy Lichtenstein…
→ Une vidéo pour découvrir le travail de sculpteur de Roy Lichtenstein ↓
Roy Lichtenstein étant représenté par l’ADAGP, les photos de ses œuvres seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.
Photo application pour IPAD courtoisie du Centre Pompidou
F.B.