Last Updated on 18 avril 2021 by François BOUTARD
La suite de notre interview avec Corinne FHIMA
Art Design Tendance : Vous êtes diplômée des Beaux-Arts à Paris. Comment peut-on s’affranchir d’une formation rigoureuse pour développer son propre univers ? Corinne FHIMA : On a toujours besoin d’un cadre pour faire évoluer ses idées. Les Beaux-Arts offrent cette occasion. J’ai su très tôt ce que j’avais envie de faire. Et J’ai persévéré.
A.D.T. : Comment vous viennent les idées créatives ? C.F. : C’est un mélange de travail constant, de processus un peu mystérieux parfois quand il y a des moments de jaillissement d’idées et puis aussi cela vient du fait que je me mets en position de tout recevoir des lectures, du cinéma, etc. Il y a parfois des moments de vide très angoissants mais qui permettent aussi de faire émerger de nouvelles idées. Cela fait évoluer le travail. Je dirais aussi que les projets d’exposition sont moteurs. Pour moi ce sont des ressorts qui stimulent la créativité, me permettant d’aller plus loin. Cela permet de faire des œuvres en situation, dans des lieux dédiés, c’est très important.
A.D.T. : Justement, pendant ces périodes, comment trouvez-vous les moyens de ressourcer votre esprit ?
C.F. : Je lis beaucoup, je voyage. Je m’immerge dans d’autres univers, c’est vraiment passionnant. Je suis allée au Japon et en Chine. Et là, on se sent dans une bulle, ne parlant pas les langues de ces deux pays et n’étant pas comprise non plus, je me suis retrouvée isolée, il faut tout inventer pour se faire comprendre, et on y arrive ! L’expérience de ne rien maîtriser est très intéressante.
En Chine par exemple, j’ai été subjuguée par l’énergie que dégage ce pays. Tout va vite, la consommation y est frénétique. C’est un sentiment étrange de voir les grandes marques et les grandes enseignes qui ont colonisé l’univers entier. Cela a évidemment nourri mon travail d’artiste.
A.D.T. : Pour faire un parallèle avec la standardisation de nos modèles de consommation, avez-vous l’impression que l’art plastique échappe précisément à ce mouvement ?
C.F. : Non, il n’y a pas de raisons qu’il y échappe. Il faut être fort pour ne pas rentrer dans cette uniformisation, c’est une lutte !
A.D.T. : C’est une interrogation que j’ai. Est-ce vous regardez si une de vos nouvelles idées n’a pas justement été déjà exploitée ?
C.F. : Non, je m’en moque complètement. Je me laisse porter par les choses et mon sujet. Je ne me mets pas pas de barrières.
A.D.T. : Comment se passe le travail sur les poupées insérées dans les barquettes ?
C.F. : Je fais tout, je couds chaque poupée avec des gestes répétitifs. Ce travail minutieux me permet de rentrer dans une espèce de transe et de visualiser ce que je fais en faire après…
Pourtant je déteste coudre (rires) mais cette opération participe du travail d’ensemble de mon projet.
A.D.T. : En tant qu’artiste, avez-vous l’impression d’occuper une place en marge de la société ? C.F. : J’ai toujours créée donc je ne me pose pas cette question. Pour moi ce qui est important c’est que les œuvres sortent de l’atelier pour les voir dans un autre contexte. C’est ainsi que j’attache beaucoup d’importance à l’espace d’exposition : l’éclairage, les murs. Cela me fait regarder mon travail autrement, dans une bonne distance. Les rencontres avec les galeristes viennent d’une envie commune qui naît à un moment et qui est menée avec une énergie réciproque. C’est ça l’important.
Corinne Fhima, merci de m’avoir reçu dans votre atelier et d’avoir répondu à mes questions dans la bonne humeur ! 🙂
Ils emballent bien / They packed well from BERNARD Hervé (rvb) on Vimeo.
Photos courtoisie de l’artiste
Vidéo de la performance réalisée par Hervé Bernard
Mes remerciements à Anne Floderer et Eurydice Coulon, Press Agency Online
F.B.