Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Suite de l’enquête, si vous avez raté la 1ère partie c’est ici.
Bansky à New-York : quand communication et création ne font qu’un
Une illustration de l’appropriation et de la diffusion massive d’œuvres sur les réseaux sociaux : la résidence à New York de l’artiste Banksy en 2013, « Better Out Than In ». Figure phare du mouvement Street Art, cet activiste politique, graffeur et cinéaste, doit sa popularité tant à la singularité et à l’audace de ses œuvres, qu’à l’aura de mystère lié à son personnage. Artiste dont l’aplomb n’a d’égal que la lucidité face aux phénomènes contemporains, Banksy cultive une image insaisissable et garde son identité secrète tout en étant l’artiste de Street Art le plus médiatisé. Ce paradoxe est une preuve de la grande maîtrise des outils de communication dont il dispose pour servir son image et son œuvre. ↓
Pour sa résidence « Better Out Than In », l’artiste impertinent fît des quartiers de New-York son terrain de création en y donnant naissance à une œuvre par jour pendant un mois. La spécificité de l’opération résidait alors en la médiatisation de ces productions quotidiennes, amorcée par l’artiste lui-même puis ensuite largement relayée. Chaque jour, Banksy partageait en temps réel sur son site et ses réseaux sociaux sa création la plus récente. Dès lors, commençait une réelle chasse au trésor, suivie tant par les esthètes, les curieux, que par les forces de l’ordre pour traquer l’œuvre fraîchement produite. S’en suivait généralement sa destruction, néanmoins précédée d’un partage massif sur les réseaux sociaux. Si certaines œuvres furent immédiatement détruites, cette galerie éphémère à ciel-ouvert existe bel et bien toujours sur Internet, son aspect instantané et révolu en augmentant encore la puissance. Réunissant tous les bienfaits de l’association Street-Art et numérique évoquées plus tôt, cette opération fut un incroyable succès en termes de création et de communication. En plus de ré-affirmer son humour et son talent, l’artiste s’est assuré une grande visibilité sur les médias tout en fédérant encore davantage sa communauté et en renforçant le mystère autour de son personnage.
Entre création et appropriation du support numérique, c’est bel et bien une réforme dans la manière de communiquer autour des œuvres qui est en marche sur les réseaux sociaux, menée de front par les artistes eux-mêmes. Outils de diffusion, dont l’instantanéité et le caractère personnel étaient jusqu’ici étrangers au monde de l’art, ces nouveaux médias estompent les frontières entre auteur et récepteur, producteur et communicant, en laissant l’œuvre vagabonder et trouver son public.
Bansky, nouvel activitiste du mur et de la toile.
Lucie Taillefer