Last Updated on 3 avril 2023 by Chloé RIBOT
La vénérable institution du Wellesley College ne pensait sans doute pas que l’installation d’une sculpture de l’artiste Tony Matelli sur le campus provoquerait autant d’émoi chez les étudiantes. Oui, j’emploie bien le terme au féminin puisqu’il s’agit d’une université privée féminine en sciences humaines située à Wellesley, près de Boston, Etats-Unis. Depuis le mercredi 4 février, une sculpture hyperréaliste de l’artiste américain Tony Matelli a été déposée sur le campus, au bord d’une route et à proximité du Musée d’art de l’université, le Davis Museum. Cette sculpture s’intègre dans le cadre de l’exposition temporaire New Gravity, que consacre le Davis Museum à l’artiste américain Tony Matelli jusqu’au 20 juillet.↓
Pudibonderie féministe mal placée ?
Comme vous pouvez le voir, cette sculpture représente un homme vêtu simplement d’un slip qui erre tel un somnambule. Le visage semble hagard et marque une expression vide, ce qui volontairement créée le trouble. Cela doit vous rappeler les personnages de Ron Mueck, exposés l’année dernier à la Fondation Cartier. Comme Matelli, les personnages de Mueck semblent réels et à la fois figés d’une telle façon qu’ils interrogent notre mode de vie. ↓
Il n’en fallait pas plus pour qu’une pétition circule – Change.org petition-, demandant la rééintégration de notre homme errant dans le Davis Museum. Il semblerait que le caractère quasi nu du personnage inquiète et dérange certains étudiants…Voici quelques extraits de la réponse de la Directrice du Davis Museum, Lisa Fischman, que je trouve très censée : «(…) We placed the Sleepwalker on the roadside just beyond the Davis to connect the exhibition — within the museum — to the campus world beyond. I love the idea of art escaping the museum and muddling the line between what we expect to be inside (art) and what we expect to be outside (life) (…) Art provokes dialogue, and discourse is the core of education. In that spirit, I am enormously glad to have your response». En effet, de quoi se plaignent ces étudiants à qui un artiste de réputation internationale, fait le don de poser une de ses sculptures en plein campus ? Petite aparté ici, en France très peu d’universités voir aucunes n’a les moyens de posséder un musée avec une collection et des expositions temporaires… C’est une spécificité anglo-saxonne mais les amoureux de l’art ne peuvent qu’en être jaloux.
L’ironie de l’histoire
Je crois qu’il faut prendre le parti d’en rire, et de finalement considérer cette réaction épidermique salutaire quant au pouvoir de l’art contemporain à susciter le débat et l’interrogation ! Et cela d’autant plus lorsque l’on sait que, parmi les 50 commandements à réaliser avant de sortir diplômée du Wellesley College, figurent le défi de traverser en courant nue Severence Green et de faire la même chose dans le lac Waban. A y regarder de plus près, ces défis semblent donc occuper un emplacement stratégique dans la vie sociale des étudiantes du campus. :-)↓
Notre somnambule peut lui dormir sur ces 2 oreilles. Il prend l’air hors du musée, prend la pose avec les étudiants et s’offre même un avatar sur Twitter. La réalité du personnage lui offre une seconde vie, en mode virtuel sur les réseaux sociaux, ironique non ? ↓
You can also call me « Hal »…itosis. I hope @TicTacUSA is up for the challenge pic.twitter.com/Pu2kUzjBtJ
— WellesleySleepwalker (@WCSleepwalker) 7 Février 2014
Et vous, qu’est-ce que cette polémique vous inspire ? Si vous eu la chance d’aller voir l’exposition Ron Mueck à la Fondation Cartier, n’hésitez pas à partager vos impressions !
F.B.
J’ai effectivement eu la chance d’aller voir l’exposition Ron Mueck l’année dernière et j’ai beaucoup aimé (cf mon article :
http://woocares.wordpress.com/2013/05/21/ron-mueck/). La grosse différence, c’est que les œuvres de Ron Mueck sont disproportionnées (soit très grandes, soit très petites), donc malgré leur hyper-réalisme, aucun risque de confusion.
A la fac, ça peut peut-être surprendre surtout la nuit quand on ne s’y attend pas 🙂
Oui, mais les étudiants du campus, surtout les étudiantes, s’amusent en mode « selfie » avec le sleepwalker !