Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Bonjour et bienvenue dans notre série dominicale Les Mots du Design, des épisodes pour redécouvrir les pièces, chefs d’oeuvre, créateurs, éditeurs, etc. qui ont fait l’histoire du design. Aujourd’hui retour sur la saga de l’éditeur de meubles modernes et contemporains : VITRA. ↓
Via GIPHY – Vitra édite parmi les plus grands classiques du design.
Avant d’être un label de qualité et de rigueur, Vitra est une petite entreprise allemande créée en 1950, à 2 pas des frontières suisses et françaises, et dévolue d’abord à l’aménagement de magasins puis à la production de mobilier. Longtemps, Vitra fut une référence dans le monde du bureau. Rien de très sexy jusque-là. Sauf que Rolf Fehlbaum, fils du fondateur, eut la bonne idée de racheter les droits de réédition du mobilier de Charles & Ray Eames. Vitra se voit ainsi charger de reproduire à l’identique leurs pièces en Europe, quand Herman Miller les produit pour les Etats-Unis. Au fil des années, l’Allemand rachète les droits de reproduction des lampes d’Isamu Noguchi, des horloges de Georges Nelson, des fameuses chaises S de Panton (la Panton Chair), de certaines tables et chaises de Jean Prouvé… Résultat, Vitra possède le plus beau catalogue de réédition des classiques des années 50. Grâce à lui, on peut encore profiter de ces chefs-d’œuvre sans âge du design. ↓
Rolf Fehlbaum ne s’est pas arrêté là. Fort de cette notoriété et de son savoir-faire industriel, il a lancé son entreprise, à l’aube des années 2000, vers un nouveau défi : la maison. Auparavant, quelques pièces tenant plus de la série limitée avaient déjà été produites, comme les modèles en carton de Frank Gehry. Mais ce sont les frères Bouroullec les premiers, avec leur bureau Joyn, qui ont vraiment amorcé le virage de l’industriel vers la sphère purement domestique. Sont ensuite venues s’ajouter aux autres les signatures de Jasper Morisson et de Hella Jongerius. ↓
Puis, s’il y a le catalogue d’une part, il y a, d’autres part, le site industriel. Car le Campus Vitra est un modèle du genre. Rolf Fehlbaum, grand collectionneur de design – il possède la plus grosse collection de chaises au monde – a tenu à ce que tous les bâtiments soient l’oeuvre d’un grand architecte contemporain. Frank Gehry, alors encore peu connu en Europe, réalise en 1989 le musée Vitra. En 1993, Fehlbaum est le premier à réellement passer commande à Zaha Hadid, qui réalise la caserne des pompiers de Weil-am-Rhein, véritable manifeste de sa vision de l’architecture inspirée du constructivisme. Tadao Ando signe un magnifique petit centres de conférences la même année. En 2010, Herzog & de Meuron inaugurent la Vitra Haus : un lieu ouvert au public et destiné à présenter les collections de Vitra pour la maison. Les Bâlois ont imaginé une accumulation de maisons aux toits en pente comme posées les unes sur les autres, à la manière d’un Mikado. Le résultat : une petite merveille d’architecture qui révèle toute la beauté et la modernité du design défendu par Vitra. Un design rigoureux mais doux, intelligent et sensible. En ne séparant pas les pièces historiques des pièces contemporaines, Vitra crée un paysage atemporel. ↓
→ À noter pour les connaisseurs : Vitra est devenu propriétaire en 2013 d’Artek, fabrique de meubles fondée en 1935 par Alvar Aalto, l’un des pères du mouvement moderne. Et a ainsi mis la main sur le très riche catalogue de l’architecte et designer finlandais.
Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)) Le texte principal est extrait de l’excellent livre : Les 101 Mots du design à l’usage de tous – Marion Vignal & Cédric Morisset, Archibooks.
F.B.