Zoom aujourd’hui sur une assise révolutionnaire. Voici la véritable histoire du pouf le plus célèbre du monde, le «Sacco».

«Sacco ? On ne ve pas encore reprendre l’affaire Sacco & Vanzetti…»

Sacco : Les années 1960 furent pour le design une période d’intense innovation liée à l’apparition de nouveaux plastiques, de nouvelles mousses et des nouveaux textiles en découlant, eux-mêmes prolongements des innovations technologiques issues de la Seconde Guerre Mondiale. Ces années de guerre ont en effet vu le développement de nombreux matériaux, comme le Buna-S en Allemagne, un caoutchouc artificiel remarquablement résistant mis au point par IG Farben et à même de remplacer le caoutchouc naturel d’Asie ; ou bien le Nylon de Du Pont de Nemours aux Etats-Unis, une soie synthétique utilisées aussi bien pour la lingerie féminine que pour la fabrication des parachutes de l’US Air Force. Nombreux sont alors les designers, à l’image de Charles et Ray Eames, à s’emparer de ces nouveaux matériaux, dont le développement sera continu jusqu’à la fin des années 1960. Cette période est également marquée par l’appropriation totale de ces nouvelles matières par des designers comme le triumvirat français composé de Pierre Paulin, Olivier Mourgue et Roger Tallon, mais également par la recherche d’un anticonformisme inédit, loin des préoccupations fonctionnelles ou de progrès de l’après-guerre. Cet anticonformisme s’exprime notamment dans la recherche d’un nouveau confort, avec des meubles bas, au ras du sol. C’est dans cette optique que les designers italiens Piero Gatti, Cesare Paolini et Franco Teodoro imaginent pour Zanotta le Sacco, une grosse poire en vinyle remplie de billes de polystyrène expansé, prenant la forme de celui qui s’y assied. Quintessence du vent de liberté de 1968, ce fauteuil n’a plus de structure rigide et s’adapte de ce fait à n’importe quel utilisateur. Le Sacco n’impose plus une position déterminée. Il accompagne au contraire les mouvements du corps en en épousant les formes. Pour imaginer cette nouvelle assise, les trois designers se seraient inspirés des gros sacs que les payans du nord de l’Italie bourraient de feuilles de châtaigner pour en remplir ensuite leurs matelas. Mais les feuilles n’offrant pas un confort suffisant, ces derniers procédèrent à plusieurs essais de rembourrage utilisant tour à tour le sable et l’eau. Ces expériences restèrent néanmoins sans lendemain, car elles rendaient le fauteuil impossible à transporter. C’est la découverte des billes de polystyrène qui assure aujourd’hui encore le confort exceptionnel de ce fauteuil défiant toutes les conventions et son imparable succès. A plus de quarante ans, ce fauteuil symbolise toujours dans les esprits une jeunesse éternelle, tant il a occupé depuis sa création une place à part dans les chambres d’enfants. Démocratique, innovant, ludique, simple, pratique et confortable, le Sacco incarne mieux que n’importe quel fauteuil l’objectif permanent vers lequel le design doit tendre. ↓

Sacco, 1968. Designers : Gatti, Paolini & Teodoro

Sacco, 1968. Designers : Gatti, Paolini & Teodoro

Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-))

La définition est extraite de l’excellent livre : Les 101 Mots du design à l’usage de tous – Marion Vignal & Cédric Morisset, Archibooks.

F.B.