Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Bonjour et bienvenue dans notre série dominicale Les Mots du Design, des épisodes pour redécouvrir les pièces, chefs d’oeuvre, créateurs, éditeurs, mouvement design & artistique, etc. qui ont fait l’histoire du design. Arrêt aujourd’hui sur l’École d’ULM, un établissement allemand qui reprit les visées de la fameuse Ecole du Bauhaus, mais 20 ans plus tard…
Le BAUHAUS de DESSAU, les saisons passent, mais la philosophie de cette école continue de fasciner, des années après…
L’école d’Ulm (Hochschule für Gestaltung Ulm ou HfG, 1953-1968) reprend et prolonge les ambitions de l’école du Bauhaus fermée par les nazis en 1933, tout en renouvelant son enseignement artistique, scientifique et technologique. L’école est née de la conjonction de plusieurs facteurs : le miracle économique allemand dans les années cinquante avec une reprise soutenue de la production, et le double soutien de la Fondation Scholl, qui représentait le mouvement de la Rose Blanche persécuté par les nazis, et de John McCloy, le haut commissaire américain en Allemagne.
Les enseignements commencent en 1953, sous la direction de Max Bill qui avait organisé en 1949 la fameuse exposition itinérante » Die Guete Form / La Bonne Forme ». Après la Seconde Guerre Mondiale, le fonctionnalisme ambitionne de faire table rase du passé et des particularismes culturels pour donner naissance à un langage neuf et universel. L’Argentin Tomás Maldonado succède à Max Bill en 1956, enfin Herbert Ohl dirige l’école de 1966 jusqu’à sa fermeture en 1968. 4 discipline de bases y sont enseignées, le design de produit, la communication visuelle, la construction et l’information. Les études sont étroitement associées à la réalisation industrielle de produits de série. Dès 1955, Hans Gugelot, responsable du département de la conception de produits, collabore avec la firme Braun où travaille aussi Dieter Rams. La typologie des objets est minutieusement analysée et des méthodes rationnelles de conception et de production sont définies. Un vocabulaire formel, neutre et dégagé de toute dimension référentielle, en ressort.
Otl Aicher, responsable de la communication visuelle de 1954 à 1966, dessine le graphisme de la compagnie aérienne Lufthansa (1962-1963) et encore celui des Jeux Olympiques de Munich (1972). L’idée de traiter la totalité des représentations graphiques – logotypes, pictogrammes, systèmes signalétiques, conditionnements et emballages – pour façonner une imagé systématique d’entreprise est inédite. ↓
→ Pour la petite histoire, sachez que c’est un certain Hans G. Conrad, ancien élève de l’école d’Ulm, qui directement débauché de chez BRAUN pour travailler sur la cohérence visuelle de la compagnie aérienne allemande, va solliciter son ancien professeur de l’école, Otl Aicher, pour l’accompagner sur le projet.
→ Otl Aicher était responsable à Ulm de ce qu’on pourrait aujourd’hui appeler une sorte de « junior entreprise » : un groupe de développement permettant aux étudiants d’acquérir de l’expérience via des commandes externes. Une pratique souhaitée par Walter Gropius au temps du Bauhaus, mais qui n’avait pas rencontré de succès alors. Dans le cas de la Lufthansa, Aicher put s’appuyer sur des étudiants de ce groupe.
Otl Aicher, réalisation du programme de communication visuelle des Jeux de Munich 1972. ↑ ↓
→ Le saviez-vous ? C’est avec le travail sur les JO 72 de Munich qu’Otl Aicher conçut ces célèbres pictogrammes universellement utilisés depuis.
Après 15 années d’activité, l’école d’Ulm est dissoute en 1968 suite à des problèmes financiers et à des querelles politiques. Comme le commente Abraham A. Moles, l’un des enseignants, l’esthétique « un peu ascétique » prônée par l’école n’était plus tout à fait adapté à l’esprit du temps.
Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)). Le texte principal est extrait de l’excellent livre : l’ABCdaire du Design – Valérie Guillaume, Benoît Heilbrunn & Olivier Peyricot, Flammarion.
F.B.