Aujourd’hui, pour ce neuvième épisode consacré aux mots les plus célèbres du design, arrêt sur deux séries alphanumériques synonymes de deux icônes intemporelles : LC4 et DS 19. ↓


«LC4 et DS 19, sacré CHEKOV va ! Vous vouliez nous faire croire à une bataille navale alors qu’il s’agit de design !!!»

LC4 : Avec la chaise longue LC4, Le Corbusier, Charlotte Perriand, responsable du projet, et Pierre Jeanneret-Gris ont créé un prototype du meuble moderne et ergonomique. Présentée au public au salon d’Automne de 1929 dans «Équipement d’une habitation : des casiers, des tables, des sièges», la chaise est constituée d’un corps et d’un piètement autonomes. Reposant librement sur les traverses du piètement en forme de H, le corps peut aisément être ajusté pour modifier l’angle d’inclinaison de la chaise. LC4 est ainsi l’une des premières chaises longues aux formes anatomiques, totalement ajustable par simple glissement sur un support, sans intervention mécanique. Cette «machine à se reposer», comme l’appelait Le Corbusier, fasciné par l’esthétique des machines, est fabriquée à partir de tubes d’acier incurvés provenant des catalogues destinés à l’aviation. Icône du design des années 1930, la Chaise Longue LC4 symbolise à elle seule le mouvement moderne. Elle incarne l’esprit du mobilier tubulaire français, marqué par l’Art déco, empreint d’un luxe certain et plein de fantaisie, tout en correspondant aux besoins de confort et de qualité de vie de la société parisienne de l’époque. Editée deouis 1965 par Cassina, elle demeure une des pièces les plus célébrées de l’histoire du design, un objet de référence parmi les plus copiés du monde.

Charlotte Perriand se détend sur la chaise longue à réglage continu, 1928. Cliché Pierre Jeanneret

Charlotte Perriand se détend sur la chaise longue à réglage continu, la fameuse LC4,1928

Structure chaise longue LC4, derriére vitrail signé Jacques Gruber, Musée des Arts Décoratifs, Paris. François Boutard

Structure chaise longue LC4, derrière vitrail signé Jacques Gruber, Musée des Arts Décoratifs, Paris. Photo ©François Boutard

DS 19 : Dévoilée le 5 octobre 1955 au Salon de l’automobile, la DS 19 – «Bombe automobile», comme le titreront les journaux de l’époque – fait basculer l’univers du design automobile dans une nouvelle ère. C’est le début d’un mythe, celui de la dernière voiture «révolutionnaire». Le soir du 5 octobre, 12000 commandes seront passées et à la clôture du Salon, 80000. Conçue et dessinée par l’ingénieur André Lefèbvre et le sculpteur-designer Flaminio Bertoni dans un souci d’aérodynamisme, son design rompt radicalement avec la Traction qu’elle remplace. Mais les innovations technologiques sont également impressionnantes : suspension hydraulique, freins à disques, direction assistée… En démocratisant une technologie d’avant-garde, la «Déesse» marque un changement dans la mythologie automobile ; elle devient, comme en témoigne l’article que Roland Barthes lui consacre dans Mythologies, «l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique». Sa carrière commencée en 1955 s’achèvera en 1975. Près de 1 330 755 exemplaires seront sortis des chaînes de production. La CX lui succèdera mais ne la remplacera pas.


Citroën DS par autoplus

Je vous laisse vaquer à vos activités dominicales favorites, après m’avoir lu, bien sûr :-).

F.B.