Après une visite à la Biennale Internationale du Design de Saint-Etienne, j’étais en recherche de “concret” et de “matérialité”. La réflexion engagée à l’occasion de cette Biennale stéphanoise sur les mutations à l’oeuvre dans le monde du travail avait laissé en moi une envie de voir du beau, de la couleur… Ce qui tombait bien puisque j’avais coché un passage express au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne.

Saint-Etienne aime l’art contemporain américain

Une bonne intuition. Sur place, mon temps limité me conduisit à suivre le parcours de l’exposition temporaire Archéologie du Présent. Oh le parcours promis en 10 étapes fut surtout choisi à cause du fait qu’il regroupât quelques œuvres majeures de la collection du Musée, et que j’étais curieux à l’idée de connaître le fil conducteur qui guiderait mes pas. J’avais déjà remarqué que le musée stéphanois portait une attention particulière à l’art contemporain américain. Grâce à lui, j’avais notamment découvert en 2014 la peinture de Peter Halley avec une demi-journée de conférence sur l’art contemporain américain des années 60, 70 et début 80, avec un focus sur le minimalisme.

J’avais envie de couleur, je fus servi, accueilli à mon entrée par une installation de néons de Martial Raysse intitulée : Proposition To Escape : Heart Garden (1966)Mais ce fut la pièce suivante qui appela mon enthousiasme et me permit de remplir de couleurs encore plus vives ma rétine avec une peinture monumentale de Frank Stella, Fladrine ( 335 x 731,5 cm).

Frank Stella, Fladrine

Frank Stella, Fladrine, 1994

Frank Stella, Fladrine, 1994. Vue de l’oeuvre accrochée au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, exposition Archéologie du Présent, du 5 mars 2016 au 1er octobre 2017. Photographie ©FrançoisBoutard

Frank Stella donc, l’ami de Donald Judd et Carl André. Un tableau surprenant, déconcertant et magistral pour qui aime se perdre dans un imaginaire coloré. Je m’assoie et engage la conversation avec un senior qui comme moi profite du spectacle : “Incroyable hein ?” -“Oui, c’est remarquable, cela me fait penser à des poissons encore vivants qui s’agiteraient “. Et pourquoi pas après tout ? Puisque l’oeuvre date de 1994 et est issue de la série Imaginary Places – Lieux Imaginaires -. 

Surprenant, car les formes découpées et peintes par l’artiste s’entrelacent et forment une composition qui crée une illusion d’optique, le tableau ressemblant à un paysage en relief. On est immédiatement happé par la profondeur de la toile et transporté dans un ailleurs.

Alors bien sûr je m’avance, tentant de comprendre le subterfuge qui brouille mes sens. De près, le spectacle est impressionnant, on ose à peine imaginer le travail de composition de l’artiste pour arriver à un tel résultat, car, et j’en suis sûr, rien n’est assemblé au hasard…↓

Frank Stella, Flandrine, 1994. Vue de l'oeuvre accrochée, détail

Frank Stella, Fladrine, 1994. Vue de l’oeuvre accrochée de près.

 

Frank Stella, Fladrine, 1994. Vue de l'oeuvre accrochée, détail.

Frank Stella, Fladrine, 1994. Vue de l’oeuvre accrochée, détail.

 

Frank Stella, Fladrine, 1994. Détail de la toile.

Frank Stella, Fladrine, 1994. Détail de la toile.

En résumé, si vous avez un peu de temps allez à Saint-Etienne voir l’exposition Archéologie du Présent car, outre cet extraordinaire tableau, d’autres chefs d’œuvres vous attendent, surtout si comme moi vous aimez le bleu… Mais chut, je n’en dis pas plus…

F.B.