Last Updated on 19 avril 2021 by webmaster artdesigntendance
Avant de voir s’établir à Lyon un Musée d’Art Contemporain au milieu des années 80 sous l’impulsion de Thierry Raspail, pouvait-on suspecter la ville bourgeoise qu’est Lyon d’abriter en son sein des activistes de l’art contemporain ? La réponse est OUI et elle se trouve actuellement au MAC Lyon qui dédie un étage entier à la génération « FRIGO », un collectif né à Lyon et qui pendant une dizaine d’années a secoué le cocotier des bonnes mœurs (1978-1990).
Produire l’énergie de son époque
Né avec l’envie d’en découdre des lyonnais Alain Garlan et Gérard Bourgey, co-fondateurs du collectif, Frigo tire son nom de la chambre froide d’une ancienne fromagerie lyonnaise (Quartier Guillotière), lieu de rassemblement et de production des activités de la société Faits Divers System – SA. Car Alain Garlan et Gérard Bourgey ont créé à l’époque, chose assez rare pour le souligner, une entité commerciale capable de financer leurs travaux artistiques. Le crédo de Frigo : « comment être créatif, actif et économiquement indépendant ! »
Selon Alain Garlan, Frigo ne s’est pas constitué en réponse à un quelconque mouvement, mais répondait à l’envie de produire l’énergie de son époque. Très axé sur le média vidéo et l’utilisation du son, Frigo a produit des projets de toutes sortes : de la performance filmée à la création d’une radio, radio Bellevue 95.8 « la radio Libre, Rock et Kulturel » devenue en 2015 RBW (Radio Bellevue Web) qui existe toujours, émettant désormais sur les ondes de l’Internet, et dont le studio a été déplacé au rez-de-chaussée du MAC Lyon pour l’occasion.
Notons que le collectif a été dans les premiers à réaliser des clips vidéos à partir du son et non l’inverse, comme c’est le cas aujourd’hui des films publicitaires. Résultat assuré : de l’énergie, de l’inattendu à l’image.
Si vous aimez la performance visuelle, alors vous serez en terrain conquis durant cette exposition qui fait la part belle aux projets directement réalisés par l’équipe du collectif Frigo ou produits par ses soins. Pour avoir une idée de quel bois se chauffent les « zèbres » de Frigo, sachez par exemple qu’ils se sont chargés de filmer une performance de Paul Mc Carthy en 1983 restée mémorable : « King of France ».
Esprit Dada
De leur aventure, Gérard Bourgey et Alain Garlan retiendraient bien l’idée d’avoir soufflé un « esprit Dada », plutôt que Fluxus, à leurs yeux un mouvement trop institutionnalisé dans l’histoire de l’art contemporain pour leur correspondre.
D’ailleurs, lorsque je m’adresse à Alain Garlan et que j’emploie le terme mouvement pour désigner l’aventure Frigo, celui-ci me répond amusé qu’il souhaiterait bien que le collectif, à l’issue de l’exposition, soit considéré comme un véritable mouvement.
De l’épopée Frigo, on peut retenir le groupe fondateur du mouvement : Gérard Bourgey, Gérard Couty, Alain Garlan, rejoints par le performeur (entre autres compétences) Mike Hentz, Charles Picq puis Rotraut Pape, Jacques Bigot et Christian Vanderborght.
Pour autant et l’exposition le montre bien, Frigo a dépassé les frontières nationales pour coopérer à de nombreux projets internationaux, fédérant autour de son énergie communicative des artistes de dimension internationale comme Orlan, Sarkis (arts visuels), Régine Chopinot, Carolyn Carlson (chorégraphes), Hermann Nitsch, Paul McCarthy (performers) et bien d’autres… À ce tire, les instigateurs de FRIGO ont souhaité archiver de nombreuses performances artistiques, sûrement conscients d’écrire, à leur manière, la bande son d’une époque…
Vidéographe sommaire du collectif frigo, 1980-1990
F.B.