Last Updated on 4 septembre 2023 by Chloé RIBOT
La Réunion des musées nationaux – Grand Palais (Rmn-GP) s’est livrée à une grande première jeudi dernier à 18h30, en testant depuis sa page Facebook une visite en direct de l’exposition PICASSO.MANIA du Grand Palais. La déambulation dans les différentes salles de l’exposition était commentée par Diana Widmaier Picasso, la petite fille de l’illustre peintre, accompagnée d’une jeune femme au look marinière « made in France ». Objectif : faire découvrir à l’internaute 6 lieux emblématiques de l’exposition. ↓
Selon la communication de la Rmn-GP, il s’agissait d’une première pour une institution culturelle française avec le nouvel outil de streaming développé par Facebook. On ne pouvait donc que me faire plaisir, à moi le provincial lyonnais un peu geek et ne pouvant se payer le temps disponible nécessaire pour courir les expositions les plus excitantes de la capitale ! Alors, quel bilan à tirer de cette opération ? ↓
Un peu paniqué parce que le live prévu ne commençait pas à 18h30 pétante, je pris mon mal en patience pour attendre l’ouverture des hostilités. Acte I : Stéphanie, présentatrice vêtue d’une splendide marinière à l’image de la poupée hydrocéphale du personnage Pïcasso réalisée par Maurizio Cattelan pour l’exposition, démarre la visite dans la 1ère salle choisie par Diana Widmaier Picasso. Il s’agit d’un espace occupé par un mur d’interviews, collecte d’interviews réalisées auprès de grands artistes contemporains (Baldessari, Gehry, Varda, Godard, Prince, etc.) qui parlent de l’influence de Picasso sur leur travail, réalisées par la nièce de Picasso et Laure de Clermont-Tonnerre. Le format choisi me semble judicieux : 3 minutes. Ce n’est ni trop court pour susciter l’envie et le questionnement, ni trop long pour éviter le décrochage… En revanche, le cadrage est un peu aléatoire et le son de piètre qualité. C’est alors que je suis les recommandations express de la page Facebook et de Stéphanie, enjoignant les internautes à utiliser smartphones et écouteurs pour une meilleure qualité de visionnage et de son. Ce qui s’avère être exact, rien à redire ! Et tant pis pour les commentaires des grincheux qui, sur la page Facebook de l’institution, se déchaînent en critiquant la qualité de la réalisation ! ↓
Acte 2 : Salle consacrée à l’oeuvre la plus connue de Picasso : Guernica. Plutôt que de ressasser l’histoire du tableau, le parti pris anecdotique sur la puissance du chef d’oeuvre et ses conséquences inattendues fut une très bonne idée. C’est ainsi qu’on apprend qu’une reproduction donnée par la veuve de Nelson A. Rockfeller aux Nations Unies en 1985, orne les murs du siège du Conseil de sécurité. Lorsqu’en 2003 Colin Powell, secrétaire d’Etat américain affirmait que des armes de destruction massive se trouvaient encore sur le sol irakien, légitimant une intervention armée américaine, la tapisserie était pudiquement cachée derrière un rideau bleu ! Le format de la séquence, 4:22 est adapté, c’est parfait.
Acte 3 : « Picasso Goes Pop » où comment l’artiste s’est finalement inséré dans les toiles des plus grands du Pop art : Warhol bien sûr, mais aussi Lichtenstein, Oldenburg ou encore Erró avec une toile monumentale que l’on aperçoit bien dans la vidéo. Si vous suivez ce blog, vous savez que je suis un grand fan de Roy Lichtenstein, que je place au-dessus de Warhol, et dont la rétrospective réalisée en 2013 au Centre Pompidou a montré la formidable réappropriation des personnages et thèmes de Picasso. ↓
3 autres actes se succèdent comme autant de coups de cœur choisi par la petite-fille de Picasso. Et quid de l’intéractivité vous me direz ? Un succès concret pour l’institution puisqu’au moment où j’écris ces lignes, les métriques Facebook sont les suivantes :
– Nombre de vues sur les différentes vidéos : 1.141.000
– Nombre de partages : 3.028 : beau succès viral pour une première !
– Nombre de mentions « Aiment » : 15.999
Et les commentaires ? Evidemment des déçus de la qualité sonore et visuelle des vidéos sur Desktop (PC fixe) comme je l’ai évoqué plus haut, mais le modérateur de la page y a répondu et apporté des explications. Ce qui m’a semblé intéressant c’est le dialogue qui se noue entre différents internautes, certains partageant leur propre expérience de l’exposition. Picasso, plus que l’oeuvre, devenant matière à discussion. Un point qui peut mériter d’être amélioré : la qualité des commentaires, des internautes ont fait part de leur déception sur ce qui pouvait être dit des œuvres. Mais l’exercice était réalisé dans les conditions du direct (ce qui fait aussi son charme) avec un temps limité : je porte donc un regard positif sur l’expérience, le but étant de transmettre et susciter l’envie de se rendre à l’exposition. Or, la durée des vidéos, ni trop courte, ni trop longue, remplit bien l’objectif. Chose marquante : des commentaires très positifs sur l’inspiration qu’a insufflée Picasso à des artistes contemporains : on sent là un sujet qui passionne les internautes et auquel l’exposition, à priori, répond.
Ma déception, en tant que communicant sur les réseaux sociaux, viendrait plutôt du peu d’interactions qu’a suscité la visite sur le hashtag #PicassoMania sur le réseau social twitter. À mon avis, ceci s’explique par le fait que l’Institution a annoncé l’événement comme majeur sur Facebook et qu’elle n’a pas communiqué sur un live-tweet à proprement dit qui aurait pu s’organiser, question de choix sans doute. En revanche, les twittos joignent aux hashtags PicassoMania de très belles photos ! ↓
Romuald Hazoumé: je renvoie aux occidentaux ce qui leur appartient @elkinsalexandra #PicassoMania #GrandPalaisRMN pic.twitter.com/xmkHUH9B0R
— Carine (@carine_serodes) 20 Janvier 2016
À vous donc de venir découvrir ces différents épisodes actuellement toujours en ligne sur le compte Facebook de la RMN – GP : ICI et, pour un meilleur confort auditif et visuel sur votre smartphone ou tablette.
C’est intéressant comme expérience, dommage que je n’en ai pas entendu parler avant.
Je vais essayer de regarder les vidéos quand même, merci pour l’info
Merci Anthony pour ta remarque. Comme quoi il manquait des moyens pour « alerter » et prévenir les fans de culture de l’expérience !