Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Richard Moss
« En 2012, Richard Mosse et ses collaborateurs Trevor Tweeten (directeur de la photographie) et Ben Frost (compositeur et concepteur sonore) ont voyagé dans l’est de la République Démocratique du Congo, infiltrant des groupes rebelles armés dans une zone de guerre en proie à de fréquentes embuscades, massacres et violences sexuelles systématiques. L’installation qui en résulte, The Enclave, est un point culminant du travail de Mosse pour repenser la photographie de guerre. C’est une recherche de stratégies plus adéquates pour représenter une tragédie africaine oubliée dans laquelle, selon l’International Rescue Committee, au moins 5,4 millions de personnes sont mortes de causes directement liées à ce conflit qui fait rage dans l’est du Congo depuis 1998.
La vacance d’un pouvoir sur une longue durée dans l’est du Congo a abouti à un cycle horrifiant de violence, un «état de guerre» hobbesien, si brutal et si complexe qu’il résiste à la communication et reste invisible dans la conscience globale. Mosse réalise un film de surveillance militaire sur cette situation, représentant un conflit intangible par le biais d’un médium qui enregistre un spectre à la lumière infra rouge, originellement créé pour détecter les camouflages. La zone de guerre de la jungle ainsi filmée sur un film infrarouge de 16 mm par le directeur de la photographie, Trevor Tweeten, prend une tournure psychédélique qui désoriente le spectateur. La composition sonore ambiante de Ben Frost, composée entièrement à partir d’enregistrements recueillis sur le terrain dans l’est de la République Démocratique du Congo, plane sur la tragédie qui se déroule.
L‘Enclave plonge le spectateur dans un monde déséquilibré et sinistre, explorant l’esthétique dans une situation de souffrance humaine profonde. Le cœur du projet, comme le souligne Mosse, est une tentative de collision entre deux contre-mondes : d’une part la capacité de l’art à représenter des récits si douloureux qu’ils existent au-delà du langage, et d’autre part la capacité de la photographie à documenter des tragédies spécifiques, et à les communiquer au monde. » –e-flux.
Traduction depuis le site www.e-flux.com
→ Pour retrouver le billet original du 8 Juin 2013 sur ilikethisart c’est ici.
Si vous êtes surpris par le brièveté de ce billet et son choix : je choisis, régulièrement, des billet issus du blog : ilikethisart.net tenu par Jordan Tate (avec son autorisation), universitaire américain et artiste. Je n’ai jamais trouvé d’équivalent à ce blog qui explore des univers visuels que nous n’avons pas l’habitude de voir en Europe ou trop peu (à mon goût).
→ Pourquoi avoir fait ce choix ?
Outre le fait que l’installation immersive multi-écrans de Richard Moss fut présentée à la 55ème Biennale de Venise 2013 (pavillon irlandais), c’est surtout l’audace de la démarche qui m’a surpris avec un résultat esthétique bluffant. Ce faisant, le travail de Richard Mosse soulève des questions, presque éthiques. Est-il raisonnable de filmer et documenter une tragédie qui montre un pays magnifié par une palette de couleurs marquée par le rose bonbon ? Paradoxalement, le résultat esthétique ferait presque oublier l’horreur de la situation et les drames qui secouent ces paysages enchanteurs…
Voir l’installation de Richard Mosse filmée ↓
Richard Mosse from The Photographers’ Gallery on Vimeo.
Voir l’installation, des images du film et les commentaires de Richard Mosse. Ce dernier insiste sur le paradoxe de vouloir filmer une tragédie humaine, mais avec un souci esthétique. Ainsi, selon lui, la beauté est à même de communiquer des événements terribles… ↓
D’autres images surprenantes ↓
F.B.