Voici venir la Coupe du Monde de Football et son emballage médiatique. Bon pour les vendeurs de téléviseurs, pas terrible pour la concorde au sein des foyers où le mâle dominant impose son pré-carré footballistique ; on ne le privera pas de sa “Coupe du Monde”. Cliché battu en brèche dès lors que l’Equipe nationale atteint les phases finales, pour peu qu’elle ait bon esprit ! On parle alors de “Communion nationale, de fierté retrouvée, de patriotisme, etc…”

En ce mois de juin prélude aux vacances estivales, j’ai envie de partager avec vous la façon dont les artistes contemporains se sont emparés du sport le plus populaire au monde. Dans les faits, rien de très étrange : le football est une dramaturgie de l’instant avec ses spectateurs et ses acteurs, une pièce de théâtre qui nourrit les artistes…

Pour autant, comment expliquer la popularité d’un sport où les joueurs jouent à la “baballe” avec pour but final de propulser un ballon en cuir entre 3 barres ? Une des réponses à cette question se trouve surement dans les enceintes de football qui accueillent tous les weekends les supporters de chaque équipe. Qui est déjà allé dans un grand stade est frappé, la première fois, par le décor, ses acteurs, et surtout ses couleurs. ↓

Enceinte du Groupama Stadium à Décines-Charpieu

Enceinte du Groupama Stadium à Décines-Charpieu, quelques minutes avant le coup d’envoi de France-USA. Samedi 9 juin 2018

Les couleurs du Football dans les tribunes

Raison pour laquelle je vous propose de visionner l’oeuvre de l’artiste Stephen Dean, une vidéo de 9 minutes intitulée Volta et réalisée en 2002. Pour celle-ci, l’artiste a filmé le stade brésilien du Maracaña à Rio (une légende, le stade fétiche de la sélection des Auriverde) pendant plusieurs matchs. Il s’est concentré sur les phases du jeu les plus “chaudes” qui provoquent chez les supporters les émotions les plus fortes. Moitié documentaire, moitié oeuvre artistique, Volta qui porte bien son nom amène une deuxième lecture artistique des tribunes du stade en fusion. Comme dans un tableau, les fans qui s’agitent avec les couleurs de leurs clubs tiennent parfois du pointillisme (comme c’est le cas pour la photo du dessus) tandis que les fumigènes colorés apportent un certain sfumato à l’ensemble. Le cadre visuel des tribunes se vit alors comme un véritable tableau, entre précision des détails et abstraction soudaine.

 

Rejouer l’histoire du football

Α rebours de Volta, l’artiste suisse d’origine italienne, Massimo Furlan, a lui décidé de faire revivre ses rêves d’enfants et ses idoles du football dans un anonymat et une solitude étranges. Il s’agit pourtant de performances exceptionnelles dans lequel l’artiste rejoue pendant 90 minutes le rôle d’un footballeur à un moment précis de l’histoire du football ; la performance étant filmée dans un stade vide. Ainsi, en 2002, dans Numero 23,  il joue son propre rôle, Massimo Furlan, prodige du football italien, qui joue et gagne la célèbre finale de la Coupe du Monde 1982 gagnée par les italiens contre les Allemands. Tout y est joué (ou presque !), de l’entrée des équipes sur le terrain à leur sortie en passant par l’entièreté du match. ↓

 

Massimo Furlan joue Massimo Furlan dans Numero 23, photo extraite de la performance.

Massimo Furlan joue Massimo Furlan dans Numero 23, photo extraite de la performance. © Massimo Furlan 2007—2017 

 

Image extraite de la performance filmée Numero 23, Massimo Furlan, 2002

Image extraite de la performance filmée Numero 23, Massimo Furlan, 2002. © Massimo Furlan 2007—2017

France/Allemagne 1982 : le cauchemar de Séville

Pour les amateurs de football français, 1982 marque le “cauchemar de Séville” où l’élimination de l’Equipe de France de Football en demi-finale du mondial par l’équipe allemande. Le match est resté célèbre pour sa dramaturgie, la France qui mène en prolongation puis se fait rejoindre et battre avec des buts exceptionnels. Et surtout, “l’attentat” dont est victime le joueur français Patrick Battiston, sorti sur civière inconscient après une sortie du gardien allemand Harald Schumacher. Et bien Massimo Furlan, aidé de Didier Roustan aux commentaires et Michel Hidalgo sur le banc de touche (entraîneur de l’époque), a rejoué le match, enfilant cette fois-ci le numéro 10 de Michel Platini et jouant le rôle du meneur de jeu français durant cette confrontation épique ! Cette fois-ci, la vidéo mêle les images de 1982 à celles de Furlan jouant Platini… La performance est réalisée en 2006 au Parc des Princes : Numero 10.

Si après avoir entendu Massimo Furlan parlait de sa performance Numero 10, vous n’êtes toujours pas convaincu que le football, ses acteurs et ses spectateurs ne jouent pas une pièce de théâtre, alors que dire… Ce sport n’est définitivement pas fait pour vous :-)).

PS : J’aime l’histoire et celle du football, je me permettrai donc juste d’être tatillon avec Monsieur Furlan pour lui signaler que Patrick Battiston était bien défenseur et non attaquant ;-))

F.B.