Bonjour et bienvenue dans notre série dominicale Les Mots du Design, des épisodes pour redécouvrir les pièces, chefs d’oeuvre, créateurs, éditeurs, etc. qui ont fait l’histoire du design. À la une aujourd’hui, un nom passé à la postérité dans l’histoire du design italien, et plus largement dans celui du design moderne : CASTIGLIONI ↓
Photo de Achille Castiglioni se détendant sur une chaise longue pliante.
Diplômé d’architecture du Politecnico de Milan, Achille Castiglioni (Milan, Italie, 1918-2002) rejoint en 1944 l’agence que ses 2 frères aînés, Livio et Pier Giacomo, ont fondé en 1938. Les frères Castiglioni ont introduit le design à la VIIe Triennale de Milan en 1940, en présentant des appareils innovants pour Phonola Radio, réalisés en collaboration avec Luigi Caccia Dominioni. Alors que Livio quitte l’atelier familial en 1952, la production importante d’Achille et Pier Giacomo – ce dernier décède en 1968 – se caractérise par sa diversité créative. Comme les ready-made de Marcel Duchamp auxquels on les compare, les créations des Castiglioni procèdent souvent d’une appropriation et d’un « re-design » de l’objet trouvé. Pour exemples, le siège de tracteur Mezzadro et la selle de bicyclette Sella (présentés dès 1957 dans l’exposition « Formes et couleurs de la maison d’aujourd’hui » à Côme, villa Olmo et édités par Zanotta depuis 1971 et 1984), ou encore la table pliante Cumano (édition Zanotta depuis 1977) conçue à partir d’une table du XIXe siècle signalée par Le Corbusier dans l’Art décoratif d’aujourd’hui. ↓
Phonola, radio modèle 547, design Pier Giacomo e Livio Castiglioni, Luigi Caccia Dominioni, 1939.
Tabouret Mezzadro, 1957, design Achille et Pier Giacomo Castiglioni, édité chez Zanotta. A l’origine un siège de tracteur, aujourd’hui une véritable icône du design.
Concepteurs de plus de 60 lampes, les frères Castiglioni exploitent souvent la pratique, qu’ils ont repérée dans les studios de photographie, de projeter la lumière vers le plafond. Les fameux lampadaires Luminator, Toio, Parentesi (édition Flos) sont composés d’éléments hétéroclites et inattendus : transformateur, tige ou tube d’acier, anneau et phare automobile en guise d’ampoule. Suivant un processus d’intellectualisation humoristique ou ironique, le designer suscite et exploite au maximum les décalages et les ruptures dans l’usage et la symbolique de l’objet quotidien. Loin d’être anecdotique, ce mouvement qui révèle le chassé-croisé entre intervention, innovation technique et transfert de technologie, constitue une expérience cruciale de design. L’analyse des échanges se double de celle des objets ou des référents en jeu dans cet échange. Les échappées libres des Castiglioni font ressortir la capacité du design à investir les multiples champs de l’imaginaire. ↓
Lampadaire Toio, design Achille & Pier Giacomo Castiglioni, 1962. Edité chez Flos.
Lampe Parentesi, design Achille Castiglioni & Pio Manzù, 1971 pour Flos. Lampe à lumière directe dont la partie éclairante peut être déplacée verticalement, grâce à un tube en acier recouvert d’un vernis liquide ou nickelé, le long d’un filin en acier tendu entre le plafond et le sol.
Lampes Parentesi, détails.
Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)) Les 2 paragraphes principaux sur les frères Castiglioni sont extraits de l’excellent livre : L’ABCdaire du Design – Valérie Guillaume, Benoît Heilbrunn & Olivier Peyricot, Flammarion.
F.B.
