Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Bonjour et bienvenue dans notre série dominicale Les Mots du Design, des épisodes pour redécouvrir les pièces, chefs d’oeuvre, créateurs, éditeurs, mouvement design & artistique, etc. qui ont fait l’histoire du design. Arrêt aujourd’hui sur le moment où le designer Mario Bellini réinvente le design de la machine à calculer : La Divisumma 18 révolutionne alors l’esthétique habituel de l’objet…
La machine à calculer ressemblait un peu à cela, avant l’invention de la Divisumma…
Né en 1935 à Milan, Mario Bellini étudie l’architecture à la Politechnico. En 1959, il devient directeur artistique de la chaîne de magasins La Rinascente. En 1962, il crée une agence d’architecture avec Marco Romano, enseigne le design à Venise et devient conseiller pour Olivetti, collaboration fructueuse qui durera pendant 28 ans
La machine à calculer Divisumma 18 est symptomatique de sa démarche d’architecte-designer. Jusqu’alors, ces machines étaient électromécaniques, imposantes technologies carrossées au plus près, réalisées en métal moulé. L’électronique va engendrer une compression de ces volumes et le moulage plastique va offrir une liberté de création inégalée aux designers. ↓
Bellini remet totalement en question la fonction du produit. Il dessine un profilé oblong, uniforme et minimaliste, où seules les touches émergent, implantées selon une rigueur géométrique et moulées dans une membrane en caoutchouc synthétique. Le corps est en ABS injecté et l’ensemble est teinté d’un jaune vif, conférant au produit une allure d’ovni intemporel qui va révolutionner le calcul électronique. Une batterie rechargeable se clipse sur le côté et le résultat de l’opération s’imprime sur un ruban en papier argenté.
Depuis sa création par Camillo Olivetti, l’entreprise italienne a toujours été à la pointe du design industriel, laissant le soin à des designers externes (Marcello Nizzoli, Ettore Sotsass, Michele de Lucchi…) de penser, de concevoir et de dessiner ses produits, injectant constamment un souffle d’innovation et de création qui va faire la renommée mondiale de la marque.
En 1973, Mario Bellini crée son agence, Studio Bellini, et continue d’enseigner le design industriel. Il devient rédacteur en chef de la revue Domus (1986-1991). Il collaborera pour de nombreuses entreprises : B&B Italia, Cassina, Vitra, Flos, Erco, Artemide, Yamaha, Brionvega) et recevra 8 Compasso d’Oro, suprême distinction italienne en design.
→ Mario Bellini c’est aussi :
- Le fameux concept-car Kar-a-Sutra, sorte de « voiture à vivre », que Bellini présenta à la non moins fameuse exposition au MoMa de New York : « Italy, the New Domestic Landscape – Achievements and problems of Italian Design » ↓
Le concept car Kar-a-Sutra, design Mario Bellini. Si le projet peut porter à sourire, en revanche, l’architecte-designer anticipe des principes qui seront appliqués 10 ans plus tard chez Renault et Matra : plancher plat, modularité, simplicité des traits…
- Le fauteuil 932 réédité par Cassina sous le nom de MB1 Quartet. Une idée originale : 4 coussins indépendants reliés par une ceinture passante, le tout rappelant le Fauteuil Grand Confort de Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret (1928). ↓
- Le fauteuil 413 Cab, créé en 1977, un best-seller édité par Cassina. L’éditeur, à propos du produit : « Cab est la première chaise au monde caractérisée par une structure en cuir autoportante inspirée du rapport entre le squelette et la peau. Son revêtement est composé de 16 parties en cuir, découpées une par une et soumises ensuite à 14 opérations manuelles. Les différentes pièces découpées ne sont en effet cousues ensemble qu’après avoir subi un processus de biseautage visant à amincir l’épaisseur des portions à assembler. Le revêtement est ensuite enfilé sur un squelette en acier, et fermé par des fermetures éclair, tout comme une robe de tailleur. » ↓
- Le siège de bureau HeadLine en collaboration avec son fils, Claudio Bellini, 2005 pour Vitra ↓
- Table basse Plisse en cristal, pour Glas Italia ↓
Je vous laisse reprendre vos activités habituelles du dimanche, après m’avoir lu bien sûr :-)). Le texte principal est extrait de l’excellent livre : 100 objets incontournables de l’histoire du design – de 1850 à 2000 – Olivier Frénoy, Michalon.
F.B.