Last Updated on 18 avril 2021 by François BOUTARD
Se promener au supermarché, s’arrêter aux produits frais et acheter les yaourts de la célèbre marque «La laitière ». Le tout flanqué d’un tee-shirt imprimé avec le célèbre tableau de Johannes Vermeer : La Laitière. C’est l’extraordinaire expérience que vous propose, depuis sa réouverture en 2013, le Rijksmuseum d’Amsterdam. Dans une autre vie, j’aurais bien imaginé Jeff Bridges, alias The Dude dans The Big Lebowski, incarner physiquement l’expérience ! N’y voyez pas de l’ironie mais de l’étonnement, des questions, et de l’admiration pour ce musée qui a osé donner la possibilité aux internautes de télécharger en ligne les images haute définition des chefs d’œuvres de sa collection. ↓
Un réseau social interne
Avec l’application Rijksstudio, le Rijksmuseum ouvre le choix de tous les possibles aux amateurs de paysages flandriens, de moutonnements nuageux ou autres chiens. En quelques clics, vous voilà prêt à collecter l’ensemble des œuvres de la collection du plus fameux musée hollandais. Peter Gorgels, grand chef de l’internet au Rijksmuseum est un malin : les images de vos œuvres favorites s’affichent dans votre propre espace personnel à la manière de Pinterest, c’est « votre Rijksstudio ». ↓
Nous avons là, sous nos yeux, le développement d’un réseau social propre à une institution muséale, et centré autour de l’expérience du Rijksstudio. Inutile de vous dire que, bien évidemment, chaque pièce collectée est partageable sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter et Pinterest. Entre membres du Rijksstudio, il est bien sur possible de collecter les images des uns et des autres, excusez-moi j’allais dire « Piner », tellement l’application ressemble à celle de Pinterest ! Notons que l’innovation technique de l’application provient dans la possibilité de sélectionner n’importe quel détail des images proposées. On peut ainsi rassembler ses œuvres préférées, constituer des tableaux avec les détails de ces œuvres : vive la réalité augmentée ! Mais l’expérience ne s’arrête pas là. Pour les plus créatifs d’entre nous, l’application permet de télécharger une partie d’une oeuvre par exemple, et libre à nous d’utiliser cette image, d’une qualité parfaite, pour l’imprimer sur un t-shirt, un vêtement, une tasse, un meuble, etc. Bien entendu, les membres de la communauté Rijksstudio peuvent afficher leurs créations originales et ainsi les partager. ↓
Zoomer du bout des doigts et s’extasier
Consciente des enjeux du numérique, l’équipe du Rijksstudio a aussi anticipé la révolution «mobile» des applications sur Internet. C’est pourquoi Rijksstudio sied avant tout à l’ergonomie des tablettes numériques. L’application est bien sûr aussi disponible sur smartphone. Désormais, c’est vous le voyageur qui vous déplacez dans l’impressionnante collection de peintures et sculptures du musée. Du bout des doigts vous pouvez zoomer pour scruter tel détail d’un tableau de Rembrandt…J’irai même plus loin en affirmant que chacun peut devenir une sorte de commissaire d’exposition et faire valoir sa propre vision du Rijksmuseum. Une façon comme une autre de s’approprier le musée. Comme l’explique Peter Gorgels ci-dessous, le musée a souhaité procurer une expérience esthétique de qualité aux utilisateurs.↓
L’expérience Rijksstudio semble concluante. Ainsi, au bout des sept premiers mois d’existence on comptait *:
- 92 000 Rijksstudios personnels créés et un total de 110 000 collections
- 270 000 images téléchargées
- 3 180 000 visites pour 2 330 000 visiteurs uniques
- Durée moyenne de visite : 9,15 minutes (et plus de 11 minutes sur tablette !)
- Page Pinterest Rijksstudio : 1372 abonnés pour seulement 40 épingles (au 18/04/2014)
Pour promouvoir encore plus efficacement Rijksstudio, le musée a initié un concours des plus belles réalisations, les «Rijksstudio Awards». La première édition a couronné un projet résolument design, une palette de fard à paupières présentant des teintes inspirées par un tableau du Rijksmuseum.↓
Les Cassandre diront du Rijksstudio que, sous couvert de démocratisation de l’art, le Rijksmuseum a trouvé un autre moyen de faire du marketing et de gagner de l’argent en proposant des posters et des cartes postales des œuvres de sa collection. C’est sans doute le cas, reste le fait d’avoir osé donner gratuitement à voir et à exploiter sa collection. C’est déjà un bouleversement énorme dans la manière d’approcher le musée et la Culture !
F.B.
*Source : Pronk, Martijn. Le rijksstudio. Bulletin des bibliothèques de France [en ligne], n° 5, 2013
PS : votre dévoué serviteur n’a aucun intérêt spéculatif à faire la promotion d’une marque de yaourt !
C’est génial comme idée ! Je vais essayer de trouver un peu de temps pour aller tester ça