Il y a des musées dont on entend parler et dont on se dit qu’on ira un jour… peut-être ! Il était grand temps pour moi de découvrir – enfin ! – Le Musée Jean Couty, situé sur les bords de Saône, à quelques encablures de l’Île Barbe, à l’extrême limite du 9ème arrondissement de Lyon. Ce musée de peintures est consacré à l’œuvre du peintre lyonnais Jean Couty (1907-1991) , dont il possède plus de 200 œuvres. Par un beau dimanche de septembre, j’eus la bonne intuition de m’y rendre pour voir se confronter des vues lyonnaises peintes par Jean Couty aux clichés de Robert Doisneau sur la ville des Lumières.

Musée Jean Couty - Lyon 9

Vue de l’Exposition Robert Doisneau “Portraits d’artistes et vues de Lyon” – Accrochage du second étage consacré aux photos lyonnaises de Robert Doisneau conversant avec les peintures sur la cité rhodanienne de Jean Couty

 

Robert Doisneau en reportage à Lyon

Le 1er volet de l’exposition consiste en une galerie de portraits d’artistes. Robert Doisneau les “croque” en plein travail, dans leurs ateliers. Pour la plupart, ces photographies datent des années 50. J’ai notamment remarqué une très belle photo de Niki de Saint-Phalle. ↓

Robert Doisneau Niki de Saint Phalle à table avec ses nanas,

Robert Doisneau, Niki de Saint Phalle à table avec ses nanas, Soisy sur Ecole, 1971 ©Robert DOISNEAU/GAMMA RAPHO

Le second volet de l’exposition, à l’étage, est celui qui a retenu mon attention : des photos réalisées par Robert Doisneau au cours d’un reportage photographique pour le magazine Vogue. Il y a un côté très désuet dans ce reportage dont je doute que pareille qualité d’écriture – textes d’Edmonde Charles-Roux – et illustrations, aurait encore cours aujourd’hui. C’est oublié que Mme Charles-Roux reçut le prix Goncourt en 1996 pour le roman Oublier Palerme. Je la cite – un plaisir pour un lyonnais – :

Symboles de la dualité lyonnaise, les collines de Lyon s’affrontent : l’une poétique et mystique, couverte de jardins et ponctuée de clochers, l’autre austère et solide, active ruche de pierre qu’anime le claquement des métiers. De ces hauteurs, la ville apparaît dans son ensemble, vaste mais équilibrée ; l’inextricable labyrinthe de ses ruelles s’efface. Trait d’union entre ces deux collines, une presqu’île s’allonge tel un V majuscule à la pointe duquel s’unissent en un même lit le Rhône vagabond et la douce Saône. Le lieu de ces noces, site d’une rare beauté naturelle, inspirait les poètes de la Renaissance (…)

 

Communiante descendant vers la cathédrale de Lyon en 1950, France – ©Robert DOISNEAU/GAMMA RAPHO

 

Robert Doisneau à la rencontre des œuvres de Jean Couty

Pour les lyonnais amoureux de leur ville, les clichés en noir et blanc de Doisneau racontent le Lyon de l’après-guerre, une ville en pleine mutation. On sent instinctivement la recherche du natif de Gentilly pour capter l’air du temps, raconter le destin d’une époque révolue sous un angle casi documentaire. La peinture de Jean Couty offre elle un autre panel sensitif, expressionniste dans l’âme, un peu rebelle, voir parfois à la limite d’une certaine violence picturale. Certains lieux emblématiques rythment la rencontre des 2 médiums : La Place Bellecour bien sûr, les quais de Saône et les 2 collines éternelles qui se font face….

Robert Doisneau, Place Bellecour, Lyon 1950

Robert Doisneau, Place Bellecour, Lyon 1950 – ®Atelier Robert Doisneau

 

Jean Couty, La place Bellecour, vers 1927

Jean Couty, La place Bellecour, vers 1927. Dessin au fusain. © Musée Jean Couty

 

Jean Couty « La place Bellecour sous la neige », 1960 HST

Jean Couty, La place Bellecour sous la neige, 1960 HST, 73 x 60 cm © Musée Jean Couty

 

Robert Doisneau, Quai de Saône à Lyon en 1950

Robert Doisneau, Quai de Saône à Lyon en 1950, France – ©Robert DOISNEAU/GAMMA RAPHO

Mais ce sont finalement les peintures représentant Lyon la nuit qui m’ont le plus inspiré. ↓

Jean Couty, Le 8 décembre, 1963. Huile sur toile. 162 x 130 cm. © Musée Jean Couty

F.B.