Last Updated on 26 novembre 2023 by François BOUTARD
Claire Nicolet
Travaux ci-dessus issus de l’œuvre de l’artiste ↑
Claire Nicolet est une artiste plasticienne diplômée de l’École Estienne en 2012 et de l’École Nationale des Beaux-Arts en 2015, cursus durant lequel elle fréquente l’atelier du peintre, graveur, sculpteur et photographe français, Jean-Michel Alberola. J’ai remarqué et apprécié sa peinture pour la part de mystère et de latence qui émanent de ses tableaux. J’ai toujours été frappé par la peinture « métaphysique » de Giorgio de Chirico, et, sans nul doute, celle de Claire Nicolet s’en rapproche : un rapport contemplatif au paysage urbain et architectural, des couleurs ‘senties’ qui ouvrent sur un rapport au temps infini (gamme de bleu, terracotta chez Nicolet), des références aux tableaux des maîtres de la Renaissance allemande et italienne (de Chirico évoquant lui l’antiquité), et enfin un goût pour le vide habité. ↓
Aux couleurs jaunes d’une fin de journée à la chaleur écrasante piazza d’Italia, Claire Nicolet use et abuse du bleu franc, décliné parfois en bleu Klein. Si les tons jaunes et orangés de de Chirico contribuent à figer une scène, chez Claire Nicolet, un camaïeu bleu est une invitation à la rêverie et au songe… ↓
Inventer le scénario qui va avec
→ Pourquoi avoir fait ce choix ?
J’ai souhaité vous présenter cet artiste, car, encore en devenir – c’est toujours excitant d’envisager une suite – et dont on peut deviner que l’œuvre continuera de reposer sur des éléments ouverts à l’expérience sensorielle. Ainsi, il y a quelques années, dans une série de planches de dessins intitulée RTVA, Raconte Ta Vie Ailleurs -, l’artiste inaugurait comme un journal quotidien de ses impressions et ressentis en promenade, lors de ses déplacements urbains.
Mais ce que j’aime par-dessus tout dans la peinture de Claire Nicolet, c’est cette faculté à planter des scènes improbables en laissant la liberté au spectateur d’inventer le scénario qui va avec… Dans le tableau Qui se souvient de nous ?, quelle utilisation faire de cette chaise perdue sur une surface rouge, alors que l’ouverture à la contemplation paysagère s’ouvre dans une direction différente ? Faut-il voir, de biais face à la chaise, la grande baie vitrée d’un aquarium ? « Mystère et boule de gomme » pour les enfants trop curieux …
Alors bien sûr, dans la narration introduite par l’artiste, on reste fasciné par des espaces vides dont la contemplation renvoie au temps qui passe, un sentiment étroitement partagé dans la peinture de Giorgio de Chirico. J’observe aussi, en m’amusant, que les traits délicats et fins d’une peinture minutieuse ouvrent un espace onirique sans fin. Certains prendraient cela pour de la naïveté, j’y vois au contraire l’expression d’une peinture ouverte à l’expérimentation du regard… ↓
F.B.