Last Updated on 5 janvier 2022 by François BOUTARD
Le Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône
Le Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône offre bien des surprises. Son nom déjà pose question. Avant ce mois d’octobre 2021, je ne connaissais rien de son histoire si particulière. Si j’étais dans la provocation, je pousserais le vice à m’étonner : « Tiens, un musée à 30 km de Lyon, des peintures essentiellement, quels liens artistiques peut donc entretenir la capitale du Beaujolais ? Je sèche et je ne vois pas… » Si le musée de Villefranche-sur-Saône existe depuis 1863, son destin a basculé en 1999, quand Muguette & Paul Dini ont fait un don initial de 428 œuvres d’art, avant que le centre d’art ne soit rebaptisé en 2001 musée Paul Dini. ↓
Homme d’affaires dont on s’échine à dire qu’il est originaire de Saint-Etienne, Paul Dini est bien originaire de la Loire, mais de Noirétable. Et Noirétable est bien plus mystérieux que Saint-Etienne ! Un nom qui m’a toujours fait sourire sur l’autoroute, entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, au milieu des forêts sauvages des Bois Noirs…. Un passage un rien mystérieux. Patron du Groupe lyonnais Comareg, il a durant toute sa vie collectionnait des œuvres et encourageait la création. J’ai donc eu l’opportunité de découvrir le 2ème accrochage célébrant les 20 ans du musée qui porte son nom, avec un focus sur la 10ème donation effectuée en avril 2021 par le couple Dini. Et, pour ma plus grande joie, un parcours contemporain initié dans l’espace Grenette et poursuivi dans l’espace Cornil. ↓
Les œuvres contemporaines de la collection Paul Dini
C’est dans l’espace Cornil, un white cube adjacent au Musée Paul Dini que sont accrochées les œuvres les plus contemporaines de la collection Paul Dini. Et j’y ai découvert de vraies merveilles, à l’image de Vent, un émail à froid sous verre réalisé par l’artiste Philippe Favier dans lequel on aimerait que le Dyptique délicieusement bleuté de Frédéric Benrath se reflète. Se perdre dans les paysages, Pains et sapins… de Hubert Munier, qui me rappelle un panorama qu’on retrouverait sur les routes du Brionais, au nord-ouest de Villefranche-sur-Saône. Et que dire des champs peints par l’artiste galloise Hilary Dymond, qui s’agitent et vibrent dans la toile… ↓
Pluie noire de Cristine GUINAMAND illumine l’espace
Et puis il y a une toile qui illumine l’espace : Pluie noire de Cristine GUINAMAND. Immense tableau abstrait qui en impose. De par sa taille, mais aussi sa dynamique. Les couleurs sont intenses. Des traits de lumière intenses déchirent le cadre et luttent contre la présence d’un « trou noir » qui absorberait tout l’espace pictural. On peut effectivement y voir, comme suspendu, un amas de pluie noire auquel succéderaient les couleurs d’un arc-en-ciel violacé. C’est d’une beauté à la fois froide et exubérante… Et puis il y a le jeu de l’imaginaire, de-ci de-là, le regard accroche des silhouettes humaines et d’objets. On s’y amuse, au milieu d’une tempête haute en couleurs qui déchaîne les cieux. ↓
Cristine GUINAMAND est originaire de la Haute-Loire. Diplômée des Beaux-Arts de Saint-Etienne, elle y obtient un diplôme national supérieur d’expression plastique ainsi qu’un diplôme national d’arts plastiques. En 2019, son travail est récompensé par le prix Marc Petit. De sa peinture, voici ce que l’artiste en dit :
Ma peinture cherche à s’affranchir de l’espace et du temps, des limites des territoires et de
la pesanteur. Elle tente d’écrire dans l’espace réel, les météores, les turbulences et les
bruits, pour que le regard voit autre chose : ce que la raison masquait, rendait invisible et
silencieux. A l’univoque et au lisse, opposer les membranes stratifiées et striées des légions
picturales et figurales. *
Voici 3 autres toiles éclatantes de Cristine GUINAMAND ↓
Cristine GUINAMAND, Enfer et contre tous VI, huile sur toile, 196×115 cm, 2008-2016. Photo © http://lehublotdivry.blogspot.com/
Enfin, pour terminer, je vous ai trouvé une vidéo rare de l’artiste au travail dans son atelier ↓
F.B.