Last Updated on 17 avril 2021 by François BOUTARD
Le salon dédié à la photographie contemporaine, Docks Art Fair, a fermé ses portes la semaine dernière. Sachez pour autant que l’exposition consacrée aux photos en noir et blanc de Nikos Aliagas joue les prolongations, jusqu’au 6 novembre (visites les week-ends). Mon dernier coup de cœur artistique pour cette édition va au photographe Bruno Hadjih, représenté par la Galerie Mamia Bretesche.
La couleur, les couleurs du Sahara… Les contrastes violents entre ciel et terre… Tout cela habite avec bonheur les clichés sahariens de Bruno Hadjih. Parfois, je m’ennuie dans une succession de photographies contemporaines certes esthétiquement réussies, parfois audacieuses. Il manque une voix qui viendrait subtilement me susurrer à l’oreille : « il était une fois… ». Il me manque de l’humain… Chez Bruno Hadjih, on arrête son regard, on pose son cerveau et on part pour un voyage dans le désert que l’on sent instantanément authentique. Et, paradoxalement, si l’humain en tant que sujet n’est pas ou peu présent dans les photos de Bruno Hadjih, on sent sa présence, subtile mais omnipotente… Voilà les raisons essentielles qui m’ont fait m’arrêter avec gourmandise devant les photographies de Bruno Hadjih. En voici d’ailleurs quelques clichés, issus de la série TERRA INCOGNITA. ↓
1er mai 1962 : la terre tremble au Sahara. À In Ecker, dans le massif du Hoggar, la France procède à un essai nucléaire souterrain qui ne se passe pas comme prévu. Le tir est prévu dans une galerie creusée dans la montagne et, sous le souffle de l’impact, le système d’obturation cède et libère du gaz, de la poussière et des matériaux radioactifs. La bombe de Beryl – c’est son nom – a littéralement soulevé la montagne.
Je ne savais pas qu’il y avait eu des essais nucléaires dans le Sahara, en Algérie. La beauté silencieuse des photographies de Bruno Hadjih prises dans la zone irradiée, 50 ans après, témoigne crûment et avec force de l’incident. L’humain a aujourd’hui « déserté » les lieux et pourtant, les vestiges de son passage hantent le désert… Comme une marque indélébile qui serait devenue à son tour un élément banal du paysage saharien… Bruno Hadjih a ainsi intitulé son travail AT(H)OME et, entre nous, il mérite 1.000 œillades avant que notre regard ne plonge dans l’immensité désertique…
Mes remerciements chaleureux à Bruno Hadjih.
Art Design Tendance est partenaire média de Docks Art Fair.
F.B.