Art Design Tendance, en partenariat avec le blog Tonio Libero poursuit son travail d’investigation sur le thème de l’irruption du numérique dans les institutions muséales et les lieux de patrimoine. Après le Centre Pompidou, le Musée d’Art Contemporain de Lyon, et le Musée des Arts Décoratifs de Paris, me voici reçu au Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Le musée des Beaux-Arts de Lyon est un établissement  de renom qui fait rayonner la culture en région Rhône-Alpes et bien au-delà. Situé dans la presqu’île lyonnaise, entre Rhône et Saône, sur la majestueuse Place des Terreaux, il occupe une ancienne abbaye de bénédictines, l’abbaye des Dames de Saint-Pierre, édifice classé monument historique et plus connu sous le nom de palais Saint-Pierre. Le musée propose une collection riche et variée qui va de l’Antiquité jusqu’à l’art moderne en passant par la peinture vénitienne de l’époque renaissance, la peinture française du XIXe siècle et du début XXe, grâce notamment au leg de la collection Delubac, les objets d’art et un médaillier unique en France, le second par son importance après celui de la Monnaie de Paris. Voici pour la « carte de visite » de cet établissement qui en fait un des plus importants musées français et européens.

En 2016, on ne visite plus un musée « généraliste » comme on le faisait il y a encore une quinzaine d’années. La révolution digitale pousse les administrateurs de ces structures à revoir les parcours de visite, à réfléchir sur de nouveaux outils de médiation et de monstration des œuvres. Quelles sont précisément les objectifs et la politique suivie en la matière qui guide l’action d’un grand musée ? J’ai rencontré Stéphane Degroisse, webmestre et chargé des nouveaux médias du Musée des Beaux-Arts de Lyon pour obtenir des réponses sur le sujet. Cet entretien fait partie d’une série menée sur ce blog, sur la manière dont les institutions culturelles intègrent le numérique à leur communication.

Le jardin du musée des Beaux-Arts de Lyon qui correspond à l'ancien cloître de l'abbaye du XVIIe siècle.

Le jardin du musée des Beaux-Arts de Lyon qui correspond à l’ancien cloître de l’abbaye du XVIIe siècle. Un cadre agréable propice à la détente et à la méditation.

L'entrée principale du Musée des Beaux-Arts de Lyon qui donne sur la Place des Terreaux

L’entrée principale du Musée des Beaux-Arts de Lyon qui donne sur la Place des Terreaux.

Art Design Tendance : Comment est organisé le service communication au sein du musée ?

Stéphane Degroisse : Le service communication est constitué de 4 personnes. Guillemette Naessens qui est responsable du service, Sylvaine Manuel qui est chargée des relations presse et des partenariats médias, Mathilde Hospital, notre assistante communication et graphiste, et enfin moi-même webmestre et chargé des nouveaux médias. Depuis que je travaille au Musée des Beaux-Arts, j’ai toujours été rattaché au service communication.

À mon arrivée en 2007, comme webmestre du musée, la question s’est un moment posée de savoir à quel service rattacher mon poste ? En tant que webmestre à la ville de Lyon, ma mission consiste à alimenter les contenus du site, je n’ai pas de casquette technologique comme un développeur informatique ou un webdesigner par exemple. J’alimente du contenu scientifique qui provient directement des conservateurs ou des médiateurs. Mais je mets aussi à jour l’ensemble des informations pratiques du musée (horaires, prix) ou les informations du service culturel (informations et actualisation des visites). C’est pour cela que mon poste pourrait tout aussi bien être rattaché au service des conservateurs qu’à celui du service culturel. D’où la question légitime de rattachement qui s’est posée. À mon sens, le service communication a une vision plus globale sur la gestion éditoriale de l’ensemble des contenus, raison pour laquelle j’y suis rattaché.

Mon arrivée en avril 2007 comme webmaster du musée coïncide avec la mise en ligne du site Internet, créé quelques mois plus tôt en décembre 2006. L’étape technique de création réalisée, tout restait à faire pour vivre le site, avec l’exigence que la personne recrutée soit capable de mettre en ligne l’information en temps voulu. Un site actif est un site vivant, réactif au jour le jour.

A.D.T. : Comment s’est faite l’évolution de votre poste, de webmaster à un rôle plus complet, « en charge des nouveaux médias » ?

S.D. : Au départ,  le musée existait sur la toile par la seule présence de son site web, mais on s’est vite rendu compte que l’institution vivait sur Internet parce qu’on parlait d’elle sur d’autres sites. D’où l’idée d’être présent là où on parlait de nous, et ainsi de maîtriser notre communication. J’ai donc développé des partenariats avec la ville de Lyon, l’Office de Tourisme, les agendas culturels qui émergeaient à cette époque.

L’avènement des médias sociaux a fait qu’on parlait aussi du musée sur des plateformes sociales comme Facebook. Par conséquent, dès 2008, j’ai investi dans la présence du musée des Beaux-Arts sur les réseaux sociaux : Facebook en novembre 2008 et twitter en avril 2009 et aussi Flickr. Il faut aussi se rendre compte du fait que nous étions à une époque (2008) où les institutions, et même les services publics, commençaient à créer leurs comptes sur les réseaux sociaux. Parfois, il arrivait que des comptes privés utilisaient déjà le nom de l’institution ! Nous avons ainsi demandé l’autorisation à la ville de Lyon, dont nous dépendons, de pouvoir communiquer en notre nom sur les réseaux sociaux. Autrement, d’autres auraient parlé de nous sans que nous puissions maîtriser la teneur des messages concernant le Musée des Beaux-Arts de Lyon. Bien entendu, c’était aussi un moyen d’intéresser une communauté à la vie du musée qui n’allait pas forcément consulter le site web de l’institution.

A.D.T. : Quelle stratégie avez-vous mise en place sur les réseaux sociaux ?

S.D. : Ma mission consiste à travailler sur l’ensemble de l’écosystème numérique du musée des Beaux-Arts. Si notre site web attire 384.000 visiteurs par an avec 1,9 millions de pages vues, ma préoccupation va aussi à l’animation éditoriale de nos différents comptes sur les réseaux sociaux, mais aussi nos mini-sites dédiés (Histoire des arts – collection du XXe siècle, Poussin, Donnez pour Corneille de Lyon) et nos différentes applis mobiles.

Mon objectif était de donner de la visibilité au musée sur le web et de faire connaître l’ensemble des activités que proposait le musée, pour les différents publics. Notre musée est une incroyable « fourmilière » vivante, dont les activités intéressent des publics très variés. C’est ainsi que sur notre site web, dans l’onglet ressources, on retrouve des dossiers pédagogiques sur les expositions, mais aussi des informations sur l’institution, des idées de parcours pour les professeurs. Nous venons d’ailleurs de mettre en ligne un dossier pédagogique sur les métiers du musée, l’histoire du musée etc.

J’ai privilégié le format image sur Facebook et Flickr. Sur ce dernier d’ailleurs, j’ai commencé à diffuser des images en ligne de visites et de chefs d’œuvre. Puis, me rendant compte que des internautes postaient des images avec une qualité quasi professionnelle lors de leur visite au musée, j’ai créé un compte « I Love le Musée des Beaux-Arts » auquel les personnes pouvaient rattacher leurs photos.

Il faut faire des choix quant aux réseaux à investir, c’est pourquoi j’ai privilégié Pinterest par la suite (860 abonnés). Depuis peu,  nous sommes présents sur Instagram avec déjà près de 1300 abonnés (en 6 mois de présence), ça va très vite ! Sur Facebook, avec plus de 230.000 fans, nous sommes dans les 10 premières institutions muséales françaises. Sur Twitter, nous sommes suivis par 19.300 personnes.

Fin du 1er épisode, à suivre…