En août 2013, je vous présentais sur le blog comment les artistes contemporains Adel Abdessemed et Sarkis avaient rendu hommage à la merveilleuse oeuvre qu’est le retable d’Issenheim, un  polyptyque composé de panneaux peints et d’une caisse sculptée représentant (entre autres) la crucifixion du christ et réalisé au début du XVIème siècle par le peintre Matthias Grünewald et le sculpteur  Niklaus von Haguenau. Je dois bien avouer que si je partage avec vous ma passion pour l’art contemporain, je ne porte pas un regard particulièrement amouraché sur les œuvres picturales du passé, notamment celles de la Renaissance. 📝 Le billet d’Août 2013

Une oeuvre à la puissance physique infernale

Pourtant, celle-ci me fascine. La puissance des traits des personnages, en particulier ceux du corps du Christ crucifié lorsque le retable est fermé (oeuvre unique, le retable permet 3 configurations) est juste incroyable. Les détails de la main crucifiée ou encore des pieds font qu’on imagine des membres dans lesquels circule encore un souffle crispé de vie. Un oeuvre dont l’artiste Sarkis dit qu’elle déploie une dimension physique incroyable.

Et que dire des figures démoniaques qui ornent le polyptyque (position ouverte) dans la représentation de la Tentation de Saint-Antoine ? On les imagine terrifiantes pour le croyant de l’époque…

Mathias Günewald, Retable d’Issenheim, vers 1510-1516 – Crucifixion (détail-), Musée d’Unterlinden, Colmar

Mathias Günewald, Retable d’Issenheim, vers 1510-1516 – Crucifixion (détail-), Musée Unterlinden, Colmar

 

Retable d'Issenheim, détail de la crucifixion, main

Retable d’Issenheim, détail de la crucifixion, main.

 

Retable d'Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion. Détail : les pieds du crucifié. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden

Retable d’Issenheim. Polyptyque fermé. La Crucifixion. Détail : les pieds du crucifié. Vers 1515. Huile sur bois. Colmar, Musée Unterlinden

 

Retable d'Issenheim. Polyptyque ouvert, en position II : La Tentation de Saint Antoine, détail.

Retable d’Issenheim. Polyptyque ouvert, en position II : La Tentation de Saint Antoine, détail.

La restauration du Retable d’Issenheim

Le musée Unterlinden de Colmar abrite en sa chapelle, dans un ancien couvent, ce merveilleux trésor qu’est le Retable d’Issenheim. Le musée était autrefois la commanderie d’Issenheim, qui dépendait de l’ordre hospitalier des Antonins. En son sein, les frères de l’ordre religieux hospitalier avaient pour mission de soigner les malades et le Retable, dont on suppose qu’il fût exécuté à Strasbourg au début du XVIème siècle, avait pour rôle d’offrir réconfort et guérison aux malades à la vue de la scène de la Résurrection

Ce rapide rappel historique étant fait, et pour vous dire qu’à l’époque on ne plaisantait pas avec les symboles, le musée actuel a eu l’excellente idée de mettre en ligne une vidéo qui explique le grand travail de restauration entamé du Retable. Pendant plus de 3 ans, l’oeuvre sera restaurée dans sa globalité : peintures, sculptures et encadrements. Moi qui aime vous montrer les « coulisses » du musée, je ne pouvais passer à côté de l’occasion de vous mettre en ligne cette vidéo, très complète, qui aborde les travaux de restauration du Retable. ↓

Soulignons aussi l’initiative du Musée qui, pendant les travaux de restauration effectués sur place, laisse le Retable visible aux visiteurs qui découvriront ainsi l’oeuvre autrement ! 

F.B.